Éditorial| Déchéance de nationalité : un précédent préoccupant

Le gouvernement tchadien a récemment décidé de déchoir de leur nationalité deux de ses ressortissants vivant à l’étranger : Charfadine Galmaye, activiste et fondateur de la page Tchad One, ainsi que Makaila Nguebla, blogueur et défenseur des droits humains. Cette mesure exceptionnelle, rarement appliquée dans le pays, ouvre un débat sensible sur l’usage d’un tel instrument dans la gestion des relations entre l’État et ses citoyens.

Le gouvernement tchadien a récemment décidé de déchoir de leur nationalité deux de ses ressortissants vivant à l’étranger : Charfadine Galmaye, activiste et fondateur de la page Tchad One, ainsi que Makaila Nguebla, blogueur et défenseur des droits humains. Cette mesure exceptionnelle, rarement appliquée dans le pays, ouvre un débat sensible sur l’usage d’un tel instrument dans la gestion des relations entre l’État et ses citoyens.

La déchéance de nationalité est prévue par le droit dans des cas précis, généralement liés à des menaces graves pour la sécurité nationale. Toutefois, son application à des figures connues pour leurs critiques de la gouvernance tchadienne interroge sur la frontière entre protection des institutions et restriction de la liberté d’expression. En sanctionnant ainsi des voix dissidentes, le risque est d’alimenter davantage la fracture entre l’État et une partie de sa diaspora.

Au-delà de la portée immédiate, ce précédent soulève des enjeux de fond. Il interroge sur la manière dont le Tchad envisage sa relation avec ses citoyens établis hors du territoire national, dont beaucoup contribuent au débat public par leurs engagements. À l’heure où le pays s’efforce de renforcer sa refondation politique et de bâtir une gouvernance plus inclusive, cette décision pourrait être perçue comme un recul en matière de dialogue démocratique.

La gestion des critiques, aussi virulentes soient-elles, demeure un défi pour tout État. Mais la crédibilité institutionnelle se consolide davantage dans l’ouverture au débat que dans l’exclusion de ceux qui l’animent. La déchéance de nationalité, en tant que sanction ultime, mérite d’être maniée avec prudence, au risque de fragiliser le lien essentiel qui unit les citoyens à leur patrie.

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