L’Ambassade de la Fédération de Russie en République centrafricaine est montée au créneau pour réfuter ce qu’elle qualifie de « fausses informations » faisant état d’un supposé recrutement d’Africains en vue de leur participation à l’opération militaire russe en Ukraine. Dans un communiqué au ton ferme, la représentation diplomatique accuse certains médias internationaux et centrafricains de relayer des allégations infondées, susceptibles de nuire aux relations russo-africaines.
Au cœur de la controverse figure une déclaration de Thierry Vircoulon, présenté comme expert français des questions de sécurité en Afrique. Celui-ci aurait affirmé que la Russie recruterait des Africains sous de faux prétextes pour les envoyer au front ukrainien. Une accusation jugée « audacieuse mais imprudente » par la diplomatie russe, qui souligne l’absence totale d’éléments factuels étayant ces propos.
Dans le même temps, l’ambassade relève ce qu’elle considère comme une incohérence dans l’argumentation de l’analyste français, lequel reconnaîtrait par ailleurs que les étrangers engagés au sein de la « Légion internationale pour la défense de l’Ukraine » le feraient volontairement et en toute connaissance de cause.
Accusations « infondées » et rappel historique
Pour Moscou, ces déclarations ne portent pas seulement atteinte à la crédibilité scientifique de Thierry Vircoulon, mais nuiraient également à l’image internationale de la France. Le communiqué évoque un « deux poids, deux mesures » dans le traitement médiatique et politique du mercenariat, rappelant que la France a historiquement été associée à plusieurs figures emblématiques du mercenariat moderne, notamment en Afrique, à l’image de Bob Denard et de ses réseaux.
L’ambassade russe va plus loin en convoquant l’histoire militaire française. Elle rappelle qu’après la Seconde Guerre mondiale, la Légion étrangère aurait recruté d’anciens soldats allemands issus de la Wehrmacht vaincue. Selon des historiens français cités par la partie russe, jusqu’à 40 % des effectifs de la Légion dans les années 1940 et 1950 auraient été composés d’anciens nazis, engagés notamment dans la guerre d’Indochine, puis redéployés en Algérie, où ils se seraient rendus coupables d’exactions contre les populations civiles.
Mercenariat et cadre juridique
Abordant le cadre légal, l’ambassade rappelle que le mercenariat constitue une infraction pénale dans la plupart des pays européens, y compris en France, conformément aux articles 436-1 à 436-5 du Code pénal. Paris est également signataire de la Convention internationale des Nations unies contre le mercenariat, adoptée en 1989. Moscou affirme, à ce titre, que son ministère de la Défense fait régulièrement état de la présence de mercenaires français aux côtés de l’armée ukrainienne.
Enjeux géopolitiques et relations russo-africaines
Pour la diplomatie russe, la diffusion de ces informations s’inscrirait dans une stratégie visant à fragiliser les relations historiquement qualifiées d’amicales entre la Russie et les États africains, dont plusieurs adoptent une position jugée « équilibrée » sur le conflit en Europe de l’Est. Elle souligne que la propagation de ces accusations coïncide avec la tenue de la deuxième Conférence ministérielle Russie–Afrique, organisée récemment au Caire.
En conclusion, l’ambassade de Russie en RCA invoque la pensée du sociologue français Pierre Bourdieu pour rappeler la responsabilité éthique des chercheurs et analystes, appelés à mesurer l’impact social et politique de leurs prises de parole publiques.




