L’ONU Femmes a lancé mardi un appel pressant à la communauté internationale pour protéger et placer les femmes et les filles au cœur de la réponse humanitaire au Soudan, où le conflit en cours et la crise alimentaire croissante plongent des millions de personnes dans la détresse.
« Depuis plus de deux années consécutives, chaque ligne de front au Soudan a ravagé les corps, les foyers, les moyens de subsistance et l’avenir des femmes et des filles », a alerté Anna Mutavati, directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Est et australe, lors d’un point de presse à Genève. Selon l’agence onusienne, près de 11 millions de femmes et de filles sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire aiguë. « Être une femme au Soudan est aujourd’hui un facteur prédictif de la faim », a-t-elle déploré.
L’aggravation des combats, notamment à El Fasher et dans tout le Darfour, a exacerbé la famine, les déplacements massifs et les violences sexuelles. Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) a d’ailleurs déclaré la famine à El Fasher et Kadugli en novembre, confirmant l’urgence humanitaire. Près de 74 % des femmes ne bénéficient pas d’une diversité alimentaire minimale, exposant ainsi des millions d’entre elles à la malnutrition et à la mortalité.
ONU Femmes appelle à un cessez-le-feu immédiat, à la création de couloirs de sécurité pour les civils et à la priorisation des ménages dirigés par des femmes dans la distribution de l’aide. L’organisation exhorte également les bailleurs à renforcer leur appui aux organisations locales dirigées par des femmes, jugées essentielles pour assurer une réponse inclusive et durable.
Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par un conflit entre l’armée nationale et les Forces de soutien rapide (FSR), une guerre qui a déjà causé des dizaines de milliers de morts et plus de 10 millions de déplacés. La prise d’El Fasher par les FSR le 26 octobre a marqué un tournant tragique, avec des massacres signalés par plusieurs organisations humanitaires, accentuant la crainte d’une partition de facto du pays.
Face à cette tragédie, ONU Femmes appelle la communauté internationale à ne pas détourner le regard : « Toutes les parties doivent protéger les femmes et les filles, et respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits humains », a conclu Anna Mutavati.



