Depuis la reprise des hostilités à El Fasher, capitale du Darfour Nord, en avril 2025, la frontière tchadienne est le théâtre d’un nouvel afflux massif de populations fuyant la guerre. Chaque jour, des milliers de familles traversent le désert pour trouver refuge à Tiné, petite localité tchadienne devenue le dernier rempart face à la barbarie.
Mais ce havre de paix apparent se transforme rapidement en camp de survie. Sous un soleil de plomb, les réfugiés s’entassent dans des conditions extrêmement précaires. Ici, la guerre a laissé place à une autre forme de souffrance.
Des vies marquées par la peur et le manque
Dans les ruelles poussiéreuses de Tiné, les récits des nouveaux arrivants sont glaçants. « Ils ont tué mon frère. Nous avons fui la nuit, à pied, sans rien prendre », murmure Amina, 12 ans, les yeux perdus dans le vide. Comme elle, de nombreux enfants présentent des signes visibles de traumatisme psychologique.
La situation sanitaire est alarmante. Selon les constats de l’UNICEF, de nombreux enfants souffrent de malnutrition, de paludisme et d’infections diverses. Les abris de fortune se font rares, obligeant plusieurs familles à dormir à la belle étoile, sans aucune protection contre les intempéries ou les prédateurs nocturnes.
L’aide humanitaire à l’épreuve de l’urgenceFace à cette crise humanitaire grandissante, l’UNICEF et ses partenaires, en coordination avec le gouvernement tchadien, redoublent d’efforts. De l’eau potable, des kits d’hygiène, un soutien psychosocial ainsi que des articles ménagers de première nécessité sont distribués. Mais les besoins dépassent largement les capacités actuelles.
« Nous faisons tout ce que nous pouvons, mais l’ampleur de cette crise est inédite. Nous appelons à la solidarité internationale pour éviter une catastrophe humanitaire silencieuse », déclare un coordinateur humanitaire sur le terrain.
Une solidarité encore possible
Le Tchad, déjà confronté à des défis socio-économiques internes, voit ses ressources s’amenuiser face à l’arrivée massive de réfugiés. Pourtant, l’accueil demeure digne. La population locale partage le peu qu’elle a. Mais la situation risque de se dégrader davantage si les combats persistent au Soudan.
À Tiné, chaque regard implore de l’aide. Derrière les chiffres, ce sont des vies humaines en suspens, des enfances volées, des femmes et des hommes en quête de sécurité. Pour beaucoup, tout espoir repose désormais sur un geste de solidarité.