Crise à la Cour suprême : Le Barreau du Tchad maintient la suspension de sa participation aux audiences

Dans une déclaration faite à la presse ce vendredi, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Tchad, Me Djerandi Laguerre Dionro, a rappelé à l’opinion publique la résolution de l’Assemblée générale des avocats tenue le 22 mars 2025, portant sur la suspension de toute participation aux audiences de la Cour suprême.

Avant d’aborder le sujet principal, le Barreau a tenu à exprimer sa profonde indignation face aux violences meurtrières survenues le 14 mai dernier à Mandakao, près de Beinamar. Me Dionro a présenté les condoléances de l’Ordre aux familles endeuillées et souhaité un prompt rétablissement aux blessés, condamnant fermement ces affrontements à répétition qui continuent d’endeuiller le pays. Le Barreau exige l’ouverture d’une enquête indépendante et transparente afin que les responsables soient identifiés et traduits en justice. Il appelle également les autorités à une vigilance accrue, exhortant les administrateurs locaux à œuvrer pour la cohésion sociale, la paix et la sécurité.

Revenant au cœur du point de presse, Me Dionro a rappelé que cela fait désormais près de deux mois que les avocats du Barreau du Tchad ont suspendu leur participation aux audiences de la Cour suprême. Cette décision, a-t-il expliqué, est motivée par de graves dérives observées dans le fonctionnement de cette haute juridiction, notamment l’octroi de sursis à exécution sans audience préalable et sur la base de simples extraits d’arrêts, en violation manifeste des règles de procédure.

Depuis le début de cette crise, l’Ordre des Avocats a tenu plusieurs rencontres avec les autorités judiciaires : deux avec le ministre de la Justice et ses collaborateurs, une avec le président de la Cour suprême, et une réunion tripartite regroupant le ministère, la Cour suprême et le Barreau. À l’issue de cette dernière rencontre, la Cour suprême s’est engagée à revoir certaines de ses pratiques, notamment les sursis contestés.

Cependant, le Bâtonnier a fait savoir qu’entre cette réunion tripartite et la tenue de l’Assemblée générale du 16 avril, les pratiques dénoncées ont perduré. Conséquence : les avocats ont décidé, à la majorité, de maintenir la suspension de leur participation aux audiences de la Cour suprême. Une frange de l’Assemblée a même proposé d’élargir le mouvement à l’ensemble des juridictions et à tous les actes judiciaires si aucune amélioration n’était observée.

Dans l’attente d’une prochaine Assemblée générale pour évaluer la suite à donner à ce bras de fer, le Barreau du Tchad en appelle au respect scrupuleux du droit et met en garde contre les dérives actuelles à la Cour suprême, qui, selon lui, sapent dangereusement l’État de droit.

Djimtolabaye Beadrane
Djimtolabaye Beadrane
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