Face aux dirigeants du monde réunis au Sommet des Leaders de la COP30, le Président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, a livré ce jeudi un plaidoyer vibrant en faveur d’une action climatique mondiale accélérée. Dans un discours à la tonalité grave et lucide, il a rappelé que le dérèglement climatique n’est plus une menace lointaine, mais “une urgence humaine, économique et culturelle”.
Accueilli par le Président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, hôte de cette COP historique organisée au cœur de l’Amazonie, le chef de l’État comorien a salué le symbole fort du lieu. “Tenir ce sommet dans le poumon vert de la planète est un signal puissant : l’Amazonie absorbe près de deux milliards de tonnes de CO₂ chaque année et abrite 10 % de la biodiversité mondiale”, a-t-il souligné.
Un constat alarmant : chaque dixième de degré compte
Dès l’entame de son allocution, Azali Assoumani a mis en garde contre l’emballement climatique : “Nous avons déjà franchi +1,2 °C. À ce rythme, nous nous dirigeons vers +2,7 °C d’ici la fin du siècle. À +2 °C, c’est la disparition de 99 % des récifs coralliens et le déplacement d’un milliard de personnes d’ici 2050.”
Pour le président comorien, les pays du Sud paient le plus lourd tribut. Il a rappelé que les nations en développement subissent déjà plus de 500 milliards de dollars de pertes économiques par an, un chiffre appelé à croître dès 2030.
Les Comores en première ligne“Pour l’Union des Comores, l’enjeu est existentiel”, a-t-il insisté. Plus de 60 % des Comoriens vivent sur les côtes, exposés à l’érosion, aux submersions marines et à la montée des eaux.
Il a évoqué les tragédies récentes : le cyclone Kenneth en 2019, qui a touché 345 000 personnes soit 40 % de la population et causé des pertes évaluées à 185 millions de dollars (16 % du PIB), puis le cyclone Chido en 2024, qualifié de “catastrophe humanitaire” encore douloureusement présente dans les mémoires.
Un appel à la responsabilité des grandes puissances
Dans une interpellation directe aux grandes économies, Azali Assoumani a exigé la mise en œuvre effective des engagements financiers envers les pays vulnérables. “Les contributions actuelles ne couvrent que 30 % des besoins pour maintenir le cap de 1,5 °C”, a-t-il déploré.
Il a plaidé pour un Nouveau Cadre Collectif Quantifié à la hauteur des enjeux, évalués à 1 400 milliards de dollars par an d’ici 2030, dénonçant le fait que “moins de 10 % des fonds d’adaptation atteignent réellement ceux qui en ont le plus besoin”.
Valoriser les écosystèmes locaux et l’éducation
Saluant le rôle écologique mondial de l’Amazonie, le Président comorien a tenu à rappeler la richesse environnementale de son pays : les mangroves comoriennes, qui “captent jusqu’à quatre fois plus de carbone que les forêts tropicales” et servent de rempart naturel contre les catastrophes climatiques.
Il a également appelé à confier la gestion de ces écosystèmes aux communautés locales, qu’il considère comme “les gardiennes légitimes de la nature”.
Enfin, il a mis en avant une urgence souvent ignorée : l’éducation climatique des jeunes. “Seulement 2 % de la finance climat mondiale y sont consacrés, alors que 60 % des Africains ont moins de 25 ans. C’est une incohérence qu’il faut corriger”, a-t-il martelé.Trois priorités pour agir sans délai
En conclusion, Azali Assoumani a proposé une feuille de route claire :Mettre fin à la déforestation d’ici 2030Tripler les capacités d’énergies renouvelables d’ici 2035
Doubler le financement de l’adaptation avant 2030
“Nous portons la voix de ceux qui subissent déjà les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée”, a-t-il lancé, avant de conclure sur un appel vibrant à la volonté collective pour préserver “notre maison commune”.




