Une rencontre à forte portée symbolique et stratégique s’est tenue à la Grande Mosquée de Moscou entre le ministre centrafricain de l’Élevage et de la Santé animale, Hassan Bouba, et le Premier Vice-président du Conseil des Muftis de Russie, Rushan Abbyassov. Au-delà des échanges protocolaires, cette entrevue illustre une volonté partagée de renforcer les liens entre les communautés musulmanes de la Russie et de la République centrafricaine (RCA), dans un contexte où les relations bilatérales russo-centrafricaines ne cessent de s’élargir à de nouveaux domaines.
Une rencontre axée sur le dialogue intercommunautaire
Reçu dans l’un des lieux les plus emblématiques de l’Islam russe, le ministre Bouba a eu droit à une présentation détaillée de l’histoire pluriséculaire de la religion musulmane en Russie ainsi que des dynamiques actuelles de l’oumma dans le pays. Le Conseil des Muftis de Russie, structure influente dans le paysage religieux russe, a mis en avant son engagement dans plusieurs initiatives internationales, notamment le prestigieux Concours de récitation du Coran de Moscou et le Forum musulman international. La participation active d’États africains, y compris la RCA, à ces événements serait non seulement bienvenue, mais perçue comme un levier de coopération spirituelle Sud-Sud.
L’Islam, un pont entre peuples
La République centrafricaine, où environ 25 % de la population pratique l’Islam, voit dans ce dialogue religieux une opportunité de renforcer la cohésion nationale, mais aussi d’approfondir ses relations culturelles et humanitaires avec la Russie. « L’Islam peut être un facteur de rapprochement entre nos peuples », a souligné Hassan Bouba, saluant le soutien constant de Moscou à Bangui sur les plans politique, militaire et désormais religieux.
Le halal comme vecteur économique
Au-delà des aspects culturels, la rencontre a également mis en lumière un intérêt croissant pour le développement d’un partenariat dans le secteur de l’industrie halal. Ce marché en pleine expansion attire de plus en plus d’acteurs africains à la recherche de standards de qualité et de certification. La Russie, qui a su structurer ce secteur autour de pôles d’expertise reconnus, offre ainsi à la RCA un modèle de développement et de coopération économique fondé sur les valeurs religieuses partagées.
Une diplomatie religieuse en expansion
Ce rapprochement entre institutions musulmanes s’inscrit dans une stratégie plus large de la Russie, qui mise sur la « diplomatie spirituelle » pour renforcer son influence en Afrique. Pour la RCA, il s’agit également d’un acte de reconnaissance envers un partenaire devenu incontournable dans sa reconstruction nationale. Ce type d’initiative renforce une image de l’Islam en tant que vecteur de paix, de dialogue et de coopération dans un monde marqué par de nombreuses fractures.
Avec cette rencontre, Moscou et Bangui donnent le ton d’un partenariat aux fondements multiples : stratégique, culturel et désormais spirituel. Un signal fort à destination des communautés musulmanes du continent africain et au-delà.