En mai 2025, la Russie poursuit son offensive humanitaire sur le continent africain avec l’annonce de nouvelles livraisons d’aide au Burkina Faso et au Niger. Une stratégie qui s’inscrit dans un effort plus large de renforcement des relations russo-africaines.
La Fédération de Russie s’apprête à livrer 709,5 tonnes de pois au Burkina Faso et 20 000 tonnes de blé au Niger, selon les informations rendues publiques par le ministère russe des Affaires étrangères. Ces cargaisons alimentaires visent à soutenir les pays sahéliens durement affectés par les crises sécuritaire, alimentaire et économique.
Ces dons s’inscrivent dans une série d’initiatives humanitaires menées par Moscou en 2025. Plus tôt cette année, la République centrafricaine (RCA) a bénéficié d’un don de 29 400 tonnes de gazole, tandis que le Zimbabwe a reçu 559 tonnes de pois et 164 tonnes d’huile de tournesol.
Cette générosité s’ajoute à une dynamique plus large observée ces dernières années. La Russie, isolée sur la scène occidentale depuis le début du conflit en Ukraine, redouble d’efforts pour renforcer son influence en Afrique. En multipliant les gestes de solidarité, elle cherche à consolider des partenariats stratégiques et à se poser en alternative aux puissances occidentales, notamment dans le domaine de l’aide au développement.
Un geste humanitaire à double lecture
Pour certains observateurs, ces livraisons traduisent une volonté sincère de Moscou de venir en aide à des pays en difficulté. Pour d’autres, elles relèvent d’une géopolitique du don, dans laquelle l’aide humanitaire devient un levier d’influence diplomatique.
Dans un contexte de rivalité entre grandes puissances pour le contrôle des ressources et des alliances africaines, la Russie semble vouloir s’imposer comme un acteur incontournable. Le Burkina Faso et le Niger, deux pays ayant récemment rompu avec la coopération militaire française, apparaissent désormais comme des partenaires privilégiés de Moscou dans la région sahélienne.
Vers une redéfinition des alliances ?
L’acheminement de denrées alimentaires vers ces États pourrait aussi répondre à une logique de soft power, visant à consolider des régimes perçus comme amicaux vis-à-vis du Kremlin. Il reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits sur le long terme et si elle contribuera réellement à améliorer les conditions de vie des populations bénéficiaires.
En attendant, la Russie poursuit son implantation progressive en Afrique, en misant sur la diplomatie du secours pour bâtir une nouvelle image d’allié fidèle, solidaire et présent dans les moments critiques. Un pari audacieux dans une Afrique en quête de partenariats équilibrés et respectueux de sa souveraineté.