Comores| 2559e Jour de Détention Illégale pour Sambi : Le Silence Assourdissant Autour d’un Ex-Président Oublié

Ce mardi marque le 2559e jour de détention pour Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, ancien président de l’Union des Comores, incarcéré depuis mai 2018. Un emprisonnement prolongé, qualifié d’illégal par plusieurs organisations de défense des droits humains, qui s’enlisent dans l’indifférence générale, tant nationale qu’internationale.

Élu président en 2006 avec l’image d’un homme du peuple et d’un réformateur, Sambi avait su gagner une certaine popularité, notamment grâce à ses politiques sociales et ses liens avec la diaspora. Mais son arrestation en mai 2018, puis sa condamnation en novembre 2022 à la réclusion à perpétuité pour « haute trahison » dans l’affaire dite de la citoyenneté économique, a basculé son destin dans une spirale judiciaire controversée.

Un procès expéditif, une détention critiquée

Les conditions de sa détention – en isolement quasi-total dans sa résidence transformée en prison – ont suscité l’indignation de ses proches et de nombreuses ONG, à l’instar d’Amnesty International, qui dénoncent une violation flagrante des droits fondamentaux.

« Ce procès n’a respecté aucune norme internationale. C’est un simulacre de justice », avait déclaré l’un de ses avocats à la presse, dénonçant une instrumentalisation politique de la justice.

Une justice au service du pouvoir ?

L’affaire Sambi illustre plus largement la dérive autoritaire du régime d’Azali Assoumani, au pouvoir depuis 2016. Plusieurs opposants ont été muselés, emprisonnés ou poussés à l’exil. Dans ce contexte, la condamnation de Sambi est perçue par certains comme un moyen de neutraliser un rival politique influent.Malgré les appels répétés à sa libération ou à la tenue d’un nouveau procès équitable, la communauté internationale reste étrangement silencieuse. L’Union africaine, la Ligue arabe et même la Cour africaine des droits de l’homme brillent par leur absence sur ce dossier.

Le devoir de mémoire et de vigilance

2559 jours. Près de 7 années sans jugement équitable, sans accès régulier aux soins, sans liberté. L’histoire d’Ahmed Sambi dépasse son statut d’ancien chef d’État : elle pose une question cruciale sur l’état de droit aux Comores et le rôle des institutions garantes de la justice.

À l’heure où la planète se mobilise pour la démocratie et les libertés, la détention prolongée de Sambi interroge : jusqu’à quand le monde détournera-t-il les yeux ?

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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