Centrafrique| Touadéra défend sa stratégie de paix : « Il n’y a plus un seul village occupé par les groupes armés »

Centrafrique, Touadéra défend sa stratégie de paix : « Il n’y a plus un seul village occupé par les groupes armés »

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a réaffirmé sa foi dans la paix par le dialogue, tout en saluant les avancées majeures enregistrées depuis le lancement de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR) signé en 2019 à Bangui. Lors d’un dîner de presse organisé vendredi soir, le chef de l’État s’est livré à une rare introspection sur les défis de gouvernance sécuritaire auxquels la République centrafricaine (RCA) a dû faire face à son arrivée au pouvoir.

« Quand j’ai été élu, même aller à Damara ou Boali était une expédition périlleuse. 80% du pays était sous contrôle de groupes armés. Il ne restait que Bangui », a rappelé Touadéra devant les journalistes.

Malgré ce climat de quasi-guerre, le président affirme avoir choisi la voie du dialogue. « Je n’ai pas été élu pour faire la guerre aux groupes armés. Je leur ai tendu la main, je leur ai demandé : ‘Pourquoi tuez-vous vos compatriotes ? Qu’attendez-vous ?’ » Ce processus, selon lui, a abouti à la signature de l’APPR, avec le soutien actif de la communauté internationale, notamment l’Union africaine, la CEEAC, et plusieurs organisations humanitaires.

Neuf groupes armés autodissous

Depuis la signature de l’accord, Touadéra dresse un bilan qu’il juge encourageant : sur les 14 groupes armés signataires de l’APPR, neuf ont officiellement annoncé leur autodissolution, et certains de leurs anciens combattants ont même intégré les forces de défense et de sécurité nationales (FACA, gendarmerie, police). « Ils servent aujourd’hui leur pays. Nous les encourageons », a-t-il affirmé.

Cependant, les efforts de réconciliation ont connu un revers avec la tentative de remobilisation d’une partie des groupes par des acteurs politiques, notamment en 2021. Selon le président, cinq groupes sont sortis du processus pour relancer les violences, avec l’appui de l’ancien président, sans toutefois freiner la reconquête du territoire par les forces loyalistes, appuyées par des alliés russes et rwandais.

« Plus un seul village occupé »

Faustin-Archange Touadéra a martelé que plus aucun village centrafricain n’est aujourd’hui occupé par des groupes armés, même si ces derniers demeurent « en brousse » et « dangereux ». Il s’est montré intransigeant face aux actes de violences sporadiques : « Quand à Paoua, ils brûlent 100 maisons, tuent des innocents, je ne peux pas l’accepter. Ce sont mes populations, je dois les protéger. »

Une paix fragile mais assumée

Malgré les progrès revendiqués, le président centrafricain reconnaît implicitement la fragilité du processus. Il continue à dialoguer avec les groupes encore actifs, tout en rappelant que la stratégie de paix et de réconciliation nationale reste arrimée à l’APPR et à la feuille de route de Luanda, élaborée avec les partenaires régionaux.

Dans un pays qui a longtemps été le théâtre de coups d’État, de mutineries et de rébellions, la paix demeure un chantier aussi politique qu’humain. Mais pour Touadéra, la clé reste dans la réintégration des ex-belligérants et le refus de la violence comme mode d’expression politique.

« Ce sont des fils du pays. Il faut continuer à leur tendre la main. Mais protéger nos populations est une priorité absolue », a-t-il conclu, comme un credo entre fermeté et dialogue.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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