À la veille de la fête de Tabaski 2025 (ou Aïd-el-Kébir), les musulmans de Centrafrique font face à une double épreuve : la cherté de la vie et la rareté des produits alimentaires sur les marchés. À Bangui, notamment au marché du Kilomètre 5, l’ambiance d’effervescence habituelle semble avoir laissé place à l’inquiétude, alors que la crise économique pèse lourdement sur les ménages.
Avec un panier de la ménagère qui ne cesse de se vider face à la montée des prix, de nombreux fidèles s’interrogent sur leur capacité à célébrer dignement cette fête religieuse majeure. « Tout est devenu cher », se désole Leïla Aboubakar, ménagère, expliquant que les denrées de base comme les tomates ont vu leur prix doubler en quelques semaines. Une situation qui complique la préparation des repas festifs, tradition élémentaire de la Tabaski.
Même constat du côté des commerçants. Sale Gari, vendeur au détail, témoigne d’un engouement faible et inhabituel : « À cette date, j’ai l’habitude d’être à court de stock. Cette année, les clients ne viennent presque pas. » Une morosité économique partagée également par ceux qui cherchent à s’acheter un mouton pour le sacrifice, comme Moussa Kader : les prix des bêtes ont grimpé à des niveaux inaccessibles pour de nombreuses familles, certains animaux coûtant jusqu’à 70 000 francs CFA.
Malgré ce contexte tendu, de nombreux fidèles affirment leur volonté de maintenir l’esprit de la Tabaski, symbole de foi et de partage. Ils soulignent également l’importance du vivre-ensemble avec leurs concitoyens chrétiens, dans une Centrafrique qui continue de panser ses plaies sociales. Un message fort de cohésion intercommunautaire à l’heure où les tensions d’hier cèdent peu à peu le pas à l’espoir d’un avenir apaisé.
La fête de Tabaski, célébrée chaque année deux mois après la fin du Ramadan, commémore le geste de foi du prophète Ibrahim, prêt à sacrifier son fils pour obéir à Dieu. En 2025, en Centrafrique, cet acte symbolique résonne dans un climat de précarité, mais aussi d’espoir et de résilience.