Centrafrique : L’UJCA monte au créneau contre une loi jugée liberticide pour la presse

L’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) tire la sonnette d’alarme. Quelques jours après l’adoption par l’Assemblée nationale de la nouvelle loi sur la liberté de la presse et de la communication, la principale organisation professionnelle du secteur plaide pour un renvoi pur et simple du texte avant sa promulgation. En ligne de mire : des dispositions jugées contraires à l’esprit même de la liberté d’informer.

L’Union des Journalistes de Centrafrique (UJCA) tire la sonnette d’alarme. Quelques jours après l’adoption par l’Assemblée nationale de la nouvelle loi sur la liberté de la presse et de la communication, la principale organisation professionnelle du secteur plaide pour un renvoi pur et simple du texte avant sa promulgation. En ligne de mire : des dispositions jugées contraires à l’esprit même de la liberté d’informer.

Adoptée lundi 26 mai 2025 sous l’impulsion du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, la nouvelle loi ambitionne de réformer le cadre juridique du journalisme en République centrafricaine. Mais pour l’UJCA, ce texte représente une grave régression. Dans une interview exclusive accordée au Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH), le vice-président de l’organisation, Jean Fernand Koena, dénonce une volonté manifeste de restreindre l’espace médiatique.

« Cette loi, en l’état, donne beaucoup plus de devoirs que de droits aux journalistes. C’est un grand bond en arrière ! », s’est insurgé Koena. « Elle vise clairement à museler la presse. »

Pour l’UJCA, il ne s’agit pas d’une simple maladresse juridique, mais bien d’un choix politique assumé. L’organisation appelle donc à l’unité de la corporation pour faire bloc contre une législation qu’elle juge dangereuse pour la démocratie centrafricaine.

Un dernier recours avant la promulgation

Malgré le vote du texte, l’UJCA n’a pas dit son dernier mot. Profitant de l’annonce d’une rencontre entre le Chef de l’État et les professionnels des médias prévue les 30 ou 31 mai, l’organisation entend user de ce canal pour plaider directement sa cause auprès du président.

« Ce sera un moment décisif pour faire entendre notre voix et rappeler au Chef de l’État les risques que cette loi fait peser sur la liberté de la presse », confie Jean Fernand Koena.

L’UJCA envisage également de saisir le Conseil constitutionnel dans l’espoir d’un renvoi du texte à l’Assemblée nationale pour réexamen. Un pari audacieux, mais assumé.

Un gouvernement inflexible

Du côté de l’exécutif, le discours reste inchangé. Le gouvernement défend un texte présenté comme un cadre moderne et équilibré, censé mieux encadrer les pratiques médiatiques tout en consolidant l’État de droit.Un contraste frappant avec les inquiétudes exprimées par nombre d’acteurs du secteur, qui y voient au contraire une tentative de reprise en main politique d’un espace déjà fragile.

Dans l’attente de l’arbitrage du Chef de l’État et, potentiellement, des juges constitutionnels, la tension monte dans les rédactions. Pour beaucoup, l’issue de cette bataille sera un indicateur fort du degré d’engagement des autorités envers la liberté de la presse dans un pays encore en quête de stabilité démocratie.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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