Centrafrique : Le Président Touadéra face à la presse pour une République plus transparente

Centrafrique : Le Président Touadéra face à la presse pour une République plus transparente

La Salle des Banquets du Palais de la Renaissance a été, ce 30 mai 2025, le théâtre d’un rare exercice de transparence et de dialogue entre le sommet de l’État centrafricain et les médias. À l’occasion de la deuxième édition du « déjeuner de presse », initié par le Ministère de la Communication et des Médias, le Président de la République, Faustin Archange Touadéra, s’est prêté à l’exercice des questions-réponses avec les journalistes de la presse nationale et internationale.

Un rendez-vous démocratique voulu républicain

Dès l’ouverture, le Ministre de la Communication, Maxime Balalou, a campé le décor : cet événement s’inscrit dans une volonté affirmée de faire de la liberté de la presse un pilier de la gouvernance démocratique, tout en appelant les professionnels à plus de rigueur dans le respect de l’éthique et de la déontologie journalistiques.

Le Chef de l’État, dans un ton à la fois posé et ferme, a ensuite pris la parole, répondant sans détour à une série de questions touchant aussi bien à l’actualité politique, qu’aux enjeux sociaux, sécuritaires et diplomatiques du pays.

Main tendue à l’opposition et cap sur les élections

S’agissant du dialogue politique, le Président Touadéra a réitéré sa volonté d’ouvrir un cadre d’échanges avec les leaders du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), dans la perspective des prochaines élections locales, législatives et présidentielle. Toutefois, il a précisé que ce dialogue devra s’inscrire dans une méthodologie claire et respecter les aspirations profondes du peuple centrafricain.

Des efforts dans le social et des défis persistants

Sur le plan social, le président s’est voulu rassurant, mettant en avant les efforts du gouvernement pour faire face aux difficultés quotidiennes des citoyens. Il a notamment évoqué les mesures prises pour atténuer l’impact de la vie chère, en particulier la réduction des prix des produits pétroliers et des denrées de première nécessité.

Sécurité : compromis sans impunité

Abordant la question sécuritaire, le Président Touadéra a salué les progrès enregistrés dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation (APPR-RCA) et de la Feuille de route de Luanda. Il a défendu sa politique de dialogue avec les groupes armés, affirmant que la paix durable nécessite des compromis, sans pour autant éluder la nécessité de lutter contre l’impunité.

Une diplomatie centrée sur les intérêts nationaux

En matière de politique étrangère, le président a vanté une diplomatie offensive mais équilibrée, fondée sur le respect de la souveraineté nationale et sur des partenariats « gagnant-gagnant ». La République centrafricaine entend ainsi diversifier ses alliances pour mieux s’insérer dans les dynamiques de développement régional et international.

Mobilisation autour du PND 2024-2028

Autre point majeur : la mobilisation des bailleurs de fonds autour du Plan National de Développement (PND) 2024-2028. Le président a justifié la récente réunion préparatoire à la table ronde prévue au Maroc comme une étape essentielle pour garantir le financement des projets structurants du pays.

Liberté de la presse : le président interpellé

Moment fort de la rencontre : l’intervention des journalistes sur leur propre condition. Le Président Touadéra a accepté de sortir du cadre préétabli pour répondre à des préoccupations pressantes, notamment sur l’arrestation d’un directeur de publication et l’absence d’une Maison de la presse. Un mémorandum de l’Union des Journalistes Centrafricains (UJCA) lui a été remis à cet effet. Le chef de l’État a promis d’examiner ces revendications avec attention.

Une atmosphère conviviale mais exigeante

Au-delà de la solennité, cette deuxième édition du déjeuner de presse s’est déroulée dans une ambiance détendue mais studieuse. Une démarche inédite dans un contexte régional souvent marqué par des tensions entre pouvoir politique et médias. Ce face-à-face direct entre le président et la presse apparaît ainsi comme un signal fort en faveur de l’ouverture et de la redevabilité.

Le déjeuner de presse du 30 mai 2025 aura été plus qu’un simple événement protocolaire. Il s’est imposé comme un moment de vérité et de démocratie active, où le pouvoir exécutif a accepté de se confronter, sans filtre, aux interrogations de ceux qui informent le public. Un exercice que les professionnels espèrent voir se pérenniser, à la hauteur des enjeux démocratiques de la Centrafrique.

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