Le scénario tant redouté par la classe politique centrafricaine semble se confirmer. L’Autorité Nationale des Élections (ANE) a reconnu ce mardi, par la voix de son président Dr Mathias Morouba, l’impossibilité de tenir les élections locales prévues pour août prochain, conformément au calendrier électoral initial.
Lors d’une rencontre avec des leaders de la plateforme politique UFDO, le président de l’ANE a exprimé ses doutes quant à la faisabilité du processus, évoquant notamment l’insuffisance des ressources financières et logistiques. Cette déclaration intervient quelques heures à peine après la publication d’un communiqué officiel de l’ANE réfutant les informations du Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme (RJDH) sur un possible report des scrutins.
Mais en coulisses, l’inquiétude grandit. Selon des sources proches du dossier, plus de 5 milliards de francs CFA manqueraient encore pour boucler le budget électoral, une somme que ni le gouvernement ni les partenaires internationaux ne semblent pour l’instant en mesure de couvrir. « Le budget des législatives et de la présidentielle a été transmis à l’exécutif, mais à ce jour, nous n’avons reçu aucun retour rassurant », a confié à la presse un cadre de l’UFDO présent à la réunion.
Alors que l’ombre d’un glissement électoral plane sur les échéances présidentielles et législatives de décembre 2025, plusieurs observateurs s’inquiètent d’un vide institutionnel qui pourrait fragiliser davantage la stabilité du pays. En l’absence de soutien international conséquent, une solution politique de transition ou de consensus national pourrait devenir inévitable.
Dans ce contexte tendu, l’ANE garde pour l’instant le silence officiel sur le report des locales, mais la réalité sur le terrain semble déjà tranchée. Le processus électoral centrafricain entre ainsi dans une zone d’incertitude, à la croisée des impératifs budgétaires et des enjeux démocratiques.