La tension monte sur la scène politique centrafricaine à quelques semaines de la présidentielle. Dans une lettre officielle datée du 18 octobre 2025, la Présidence de la République a adressé une réponse cinglante à Anicet-Georges Dologuélé, député, ancien Premier ministre et candidat déclaré à l’élection présidentielle, après la diffusion d’une correspondance de ce dernier accusant le chef de l’État, Faustin-Archange Touadéra, de vouloir l’écarter de la course par des moyens jugés illégitimes.
Signée par le ministre d’État, directeur de cabinet de la Présidence, Obed Namsio, la réponse souligne que le Président Touadéra « a pris connaissance » de la lettre devenue virale sur les réseaux sociaux et déplore son « ton polémique, menaçant » et les « accusations graves » portées contre le chef de l’État. La Présidence rappelle son attachement à la liberté d’expression et au pluralisme politique, mais affirme que ces libertés « ne sauraient s’exercer au mépris de la courtoisie et du respect dû aux institutions ».
Sur le fond, le document clarifie que les questions relatives à la nationalité et à l’éligibilité de M. Dologuélé relèvent des compétences du ministère de l’Intérieur, du ministère de la Justice et, en dernier ressort, du Conseil constitutionnel et non du Président de la République lui-même. « Le Chef de l’État n’a aucun pouvoir constitutionnel pour déclarer un candidat éligible ou inéligible », peut-on lire.
La Présidence dément également que le Code de la nationalité centrafricaine de 1961 soit « tombé en désuétude », affirmant qu’il est toujours appliqué par les tribunaux. Enfin, elle condamne la « gravité de l’offense » contenue dans la lettre de M. Dologuélé et prévient qu’elle « se réserve le droit de choisir les outils juridiques appropriés » pour défendre l’honneur du Président, protégé par les articles 135 et suivants du Code pénal.
Le directeur de cabinet exhorte le leader de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) à la modération, appelant à un débat politique « fondé sur la responsabilité et la recherche du bien commun ».
Cette passe d’armes illustre la crispation croissante autour de la prochaine présidentielle en République centrafricaine, où la question de la nationalité et de l’éligibilité de certains candidats promet de devenir un enjeu majeur du scrutin.




