Un pas de plus vers l’intégration économique sous-régionale. Le Président centrafricain Faustin Archange Touadéra a reçu en audience, mercredi 28 mai 2025, le ministre équato-guinéen des Transports, Onorato Evita Oma, accompagné de son homologue centrafricain, Herbert Gontran Djono Ahaba. Objectif : faire le point sur l’avancée de la coopération bilatérale dans le domaine des transports et accélérer la mise en œuvre de l’accord signé en avril dernier à Malabo.
Cet accord, axé sur le transit et le transport maritime et terrestre via le port équato-guinéen de Bata, pourrait bien transformer les routes commerciales de la Centrafrique, enclavée et dépendante historiquement des corridors camerounais. La rencontre a permis d’évaluer les premiers jalons concrets posés depuis la signature du texte.
« Le comité mixte RCA–Guinée Équatoriale est déjà opérationnel et travaille actuellement à l’élaboration d’un règlement intérieur pour encadrer la coopération », a expliqué M. Evita Oma à la presse présidentielle, à sa sortie d’audience.
Un port stratégique pour désenclaver la Centrafrique
Le port de Bata, en pleine modernisation, représente une alternative logistique stratégique pour la Centrafrique. Il pourrait permettre aux marchandises d’entrer et de sortir du territoire plus rapidement et à moindre coût, en contournant certaines contraintes liées au corridor Douala–Garoua-Boulaï.
Le chef de l’État centrafricain a salué cette initiative régionale et donné des orientations claires pour renforcer cette dynamique, dans une logique d’ouverture et de diversification des voies commerciales.
Un projet de port sec à la frontière tripartite
Autre point d’intérêt : la visite annoncée d’une délégation d’opérateurs économiques centrafricains en Guinée Équatoriale. Cette mission économique aura pour but d’inspecter un terrain attribué par Malabo dans l’enceinte du port de Bata, où des infrastructures dédiées aux entreprises centrafricaines pourront être installées.
« Nous allons également visiter un site de 200 hectares à la frontière RCA–Cameroun–Guinée Équatoriale, destiné à accueillir un port sec », a précisé le ministre équato-guinéen.
Ce port sec pourrait devenir un hub logistique régional au cœur de l’Afrique centrale, renforçant le commerce transfrontalier et stimulant la compétitivité des entreprises locales.
Un nouveau souffle pour les exportations centrafricaines
Du côté centrafricain, le ministre des Transports, Herbert Gontran Djono Ahaba, a salué la qualité du travail accompli en si peu de temps avec son homologue équato-guinéen. Il a surtout insisté sur les opportunités économiques qu’offre désormais cette ouverture sur le port de Bata.
« Ce partenariat est une chance pour les transporteurs, les transitaires, mais aussi pour relancer les exportations de produits locaux : bétail, miel, sésame, moutons… », a-t-il souligné.
Une antenne de liaison de la Guinée Équatoriale sera installée à Bangui dans les prochaines semaines, pour faciliter la coordination entre les deux pays et fluidifier les échanges.
Vers un nouvel axe commercial Sud–Sud en Afrique centrale ?
À travers ce rapprochement, Bangui et Malabo explorent une diplomatie économique ambitieuse, pragmatique et orientée vers les résultats. La Centrafrique, longtemps enclavée, pourrait ainsi amorcer une nouvelle phase de son développement logistique et commercial. Une évolution qui, si elle est menée avec constance, pourrait renforcer son ancrage régional et diversifier ses partenaires stratégiques dans une Afrique centrale en quête d’intégration effective.
