Centrafrique| Alerte sanitaire à Bomandjoku : 84 cas de diarrhée en cinq jours, une crise liée à l’eau insalubre

Santé publique en Centrafrique

La quiétude apparente du village de Bomandjoku, niché au cœur de la forêt équatoriale à 520 kilomètres de Bangui, cache une réalité alarmante : en seulement cinq jours, du 28 mai au 3 juin, 84 cas de diarrhée ont été enregistrés dans cette localité isolée. Une situation critique que les autorités sanitaires attribuent à l’absence d’accès à l’eau potable et à l’utilisation d’une source naturelle non traitée.

En mission d’urgence sur le terrain, le médecin-chef de la sous-préfecture de Bayanga, Dr Honirat Julien Semdouto, a dressé un constat sans appel : « Dès notre arrivée, nous avons été confrontés à une situation préoccupante. Les habitants de Bomandjoku ne disposent d’aucun point d’eau sécurisé. Ils consomment une eau brute, puisée directement dans une source non aménagée. »

Une population livrée à elle-même face à une eau contaminée

Depuis plusieurs années, les habitants de Bomandjoku survivent sans infrastructure hydraulique de base. Aucun forage, ni puits équipé, ne vient assurer un accès sécurisé à l’eau. En saison des pluies, comme c’est le cas actuellement, les risques sanitaires se multiplient, les eaux de ruissellement favorisant la prolifération de bactéries pathogènes.

Cette situation, longtemps ignorée par les politiques publiques, place aujourd’hui la population au bord d’une crise sanitaire majeure. « Il ne s’agit pas de simples cas isolés, mais d’une véritable alerte sanitaire qui nécessite une réponse rapide et coordonnée », prévient le Dr Semdouto, qui insiste sur l’urgence de désinfecter systématiquement l’eau consommée par les habitants, notamment par l’usage de pastilles de chlore ou par ébullition.

Enclavement, oubli institutionnel et menace épidémique

Le village de Bomandjoku est difficile d’accès, situé dans une zone forestière dense et peu desservie par les routes. Cet enclavement complique non seulement la surveillance épidémiologique, mais aussi l’acheminement de secours sanitaires. Pour les agents de santé de Bayanga, intervenir dans ces conditions relève du défi quotidien.

Le risque de propagation d’une épidémie plus large est réel. Dans un contexte de faible couverture médicale, une épidémie de diarrhée pourrait rapidement se transformer en crise de santé publique, notamment pour les enfants de moins de cinq ans, particulièrement vulnérables à la déshydratation aiguë.

Appel à l’action : les autorités interpellées

Face à l’urgence, les professionnels de santé appellent les autorités centrafricaines et leurs partenaires internationaux, notamment l’OMS, la MINUSCA, l’Ambassade de France et les ONG actives dans le domaine de la santé publique à intervenir sans délai. La mise en place de forages d’eau potable, la distribution de kits de traitement de l’eau, et une campagne de sensibilisation communautaire sont des actions prioritaires pour éviter une aggravation de la situation.

En attendant une réponse concrète, les habitants de Bomandjoku continuent à s’approvisionner à la même source insalubre, avec toutes les conséquences sanitaires que cela implique. Dans un pays régulièrement confronté aux défis de la gouvernance sanitaire, ce drame silencieux dans les profondeurs de la forêt centrafricaine interpelle : combien d’autres Bomandjoku attendent encore qu’on leur garantisse un droit fondamental, celui à une eau propre et à la santé ?

Par la rédaction de Trace Infos Avec RJDH/Bayanga

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