Le passage de témoin entre Faustin Archange Touadéra et Denis Sassou Nguesso ne se limite pas à un cérémonial protocolaire : il traduit les attentes d’une sous-région en quête de stabilité, de cohésion et de prospérité économique. La présidence tournante de la CEMAC intervient à un moment charnière, marqué par de multiples défis.
Consolider l’intégration économique et monétaire
La CEMAC, qui partage une monnaie commune le franc CFA et une banque centrale unique, reste confrontée à des difficultés structurelles : faible diversification économique, dépendance aux matières premières, et lenteur dans la mise en œuvre des réformes régionales. Denis Sassou Nguesso devra impulser une dynamique nouvelle pour renforcer la libre circulation des biens, des personnes et des capitaux, encore entravée par des barrières administratives et sécuritaires.
Faire face aux chocs économiques et climatiques
La sous-région est vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole, principale ressource de plusieurs pays membres. La présidence congolaise devra promouvoir des mécanismes de résilience économique et encourager la diversification, notamment dans l’agriculture, les infrastructures et l’économie numérique. Les effets du changement climatique, qui accentuent l’insécurité alimentaire et les migrations, nécessitent aussi des réponses coordonnées.
Répondre aux enjeux sécuritaires
L’Afrique centrale reste marquée par des foyers de tension : insécurité transfrontalière, groupes armés en Centrafrique, instabilités dans le bassin du lac Tchad et dans l’Est du Cameroun. La CEMAC, en tant que cadre de coopération, est attendue sur des initiatives renforcées de sécurité collective et de gestion des frontières, afin de protéger les populations et de sécuriser les échanges.
Renforcer les partenariats internationaux
Au-delà de l’espace communautaire, la CEMAC doit consolider ses liens avec l’Union africaine, la CEEAC et les institutions financières internationales. Le rôle du nouveau président sera d’assurer la crédibilité de l’organisation auprès des bailleurs de fonds, dans un contexte où la relance économique et les réformes nécessitent un soutien technique et financier important.
Un mandat sous le signe du panafricanisme pragmatique
En insistant sur son attachement au panafricanisme, Denis Sassou Nguesso entend placer son mandat sous le sceau d’une vision intégratrice. Toutefois, il devra conjuguer discours et réalisations concrètes pour répondre aux attentes des 45 millions d’habitants de la sous-région, particulièrement les jeunes, qui aspirent à plus d’opportunités et de mobilité.
Le nouveau mandat de Denis Sassou Nguesso à la tête de la CEMAC sera scruté à l’aune de sa capacité à transformer les symboles de l’intégration en actions tangibles. Entre stabilité monétaire, défis sécuritaires et diversification économique, l’Afrique centrale attend des résultats concrets qui puissent renforcer la confiance des citoyens dans leur organisation communautaire.