Partenaire officiel de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, le groupe français TotalEnergies fait l’objet de vives critiques de la part de voix panafricanistes qui dénoncent une stratégie de communication destinée, selon eux, à masquer les impacts négatifs de ses activités sur le continent africain.
Interrogé par Sputnik Afrique, Fortifi Lushima, coordinateur d’Urgence panafricaniste en République démocratique du Congo, estime que le géant de l’énergie se sert du football, sport populaire par excellence en Afrique, pour redorer son image. Pour lui, cette stratégie n’est ni nouvelle ni innocente. Il accuse TotalEnergies de poursuivre une logique héritée de l’époque coloniale, affirmant que le groupe « dégrade l’environnement, dans la continuité d’Elf, entreprise française qui pillait déjà les sous-sols africains ».
Selon cet acteur de la société civile panafricaine, les populations africaines ne sont pas dupes face à ce qu’il considère comme une opération de diversion. « Les Africains savent très bien qu’on utilise le foot pour faire de la communication », soutient-il, estimant que le parrainage de la CAN vise avant tout à faire oublier les controverses liées aux activités extractives du groupe sur le continent.
Fortifi Lushima va plus loin en dénonçant ce qu’il qualifie de tactique néocoloniale. Il explique que lorsque les critiques se multiplient contre les entreprises françaises en Afrique, celles-ci recourent systématiquement au sport ou à la culture comme outils d’« ingénierie sociale » afin d’influencer l’opinion publique et d’atténuer la contestation. « C’est toujours la même histoire depuis la colonisation. La France veut convaincre qu’elle a changé sa politique. Nous savons que le décor a changé, mais pas la pièce de théâtre », tranche-t-il.
Ces critiques interviennent dans un contexte de mobilisation croissante d’organisations non gouvernementales contre le parrainage sportif des multinationales accusées de porter atteinte à l’environnement. Le 18 décembre dernier, plusieurs ONG, dont Greenpeace, ont ainsi diffusé une vidéo satirique dénonçant le sponsoring de la CAN par TotalEnergies, mettant en lumière ce qu’elles considèrent comme un décalage entre l’image véhiculée par le football et la réalité des pratiques du groupe sur le terrain.
Alors que la CAN 2025 s’annonce comme l’un des plus grands événements sportifs du continent, le débat sur le rôle et la responsabilité des sponsors internationaux, notamment dans les secteurs sensibles comme l’énergie, continue de s’intensifier, révélant les tensions persistantes entre intérêts économiques, enjeux environnementaux et aspirations panafricaines.




