Les autorités camerounaises ont annoncé, le lundi 28 octobre, l’ouverture de poursuites judiciaires contre Issa Tchiroma Bakary, figure emblématique de la scène politique nationale et chef de file du Front pour la Démocratie et le Développement (FDD). L’opposant est accusé d’avoir tenu des propos jugés « incendiaires », susceptibles d’avoir encouragé les récents troubles qui ont éclaté dans plusieurs villes du pays à la suite de l’élection présidentielle.
Selon le communiqué du ministère de la Justice, Issa Tchiroma Bakary aurait, à travers diverses déclarations publiques et interventions médiatiques, « appelé implicitement à la contestation violente des résultats électoraux » proclamés la semaine dernière. Ces déclarations auraient, d’après les autorités, contribué à l’explosion des manifestations ayant causé plusieurs morts et d’importants dégâts matériels dans les régions du Centre, du Littoral et du Nord-Ouest.
Les affrontements entre manifestants et forces de sécurité ont plongé plusieurs quartiers de Yaoundé et de Douala dans un climat de tension et de peur. Des barricades ont été érigées, des commerces saccagés et des véhicules incendiés. Le gouvernement affirme que ces violences sont le résultat d’une « stratégie délibérée de déstabilisation orchestrée par certains acteurs politiques irresponsables ».
De son côté, Issa Tchiroma Bakary rejette catégoriquement ces accusations, qu’il qualifie de « manœuvre politique visant à museler toute voix discordante ». Dans une brève déclaration à la presse avant sa convocation par la justice, il a affirmé que « la vérité sur cette élection finira par éclater » et que son combat « demeure pacifique et démocratique ».
Cette affaire ravive le débat sur la liberté d’expression et la place de l’opposition au Cameroun, où le pouvoir en place est régulièrement accusé de réprimer toute contestation politique. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont déjà exprimé leur inquiétude face à ce qu’elles considèrent comme une instrumentalisation de la justice pour faire taire les opposants.
Alors que la tension reste palpable dans plusieurs localités, le gouvernement appelle à l’apaisement et promet que « les auteurs et instigateurs des violences répondront de leurs actes devant la loi ». Les partisans d’Issa Tchiroma Bakary, eux, dénoncent une « chasse aux sorcières » et réclament la libération immédiate de leur leader.
Le procès annoncé s’annonce donc hautement sensible, dans un contexte politique déjà marqué par la défiance et les divisions. Il pourrait constituer un tournant majeur pour l’avenir de l’opposition au Cameroun, mais aussi pour la crédibilité du processus démocratique dans le pays.




