Au Burkina Faso, un vaste mouvement de solidarité s’est enclenché autour du projet du Mémorial Thomas Sankara, symbole de mémoire et d’unité panafricaine. L’État burkinabè, en partenariat avec le Comité international du Mémorial Thomas Sankara (CIM-TS), a lancé une campagne baptisée « Ma brique pour Sankara », destinée à mobiliser 4 milliards de FCFA (environ 7 millions de dollars). Ce montant représente 8 % du budget global du mémorial, estimé à 50 milliards de FCFA, selon les médias burkinabè.
Cette initiative, au-delà de sa portée financière, se veut un acte de participation collective. Les organisateurs souhaitent que chaque Africain, chaque membre de la diaspora, chaque ami du Burkina Faso dans le monde, puisse apporter sa contribution, quelle qu’en soit la taille. Les dons peuvent se faire via mobile money, virements bancaires, la plateforme numérique Faso Arzèka, ou encore sous forme de dons en nature, a expliqué Luc Damiba, conseiller spécial du Premier ministre burkinabè.
Lors de la cérémonie de lancement, Daouda Traoré, président du Comité international du Mémorial Thomas Sankara, a prononcé un message vibrant d’unité et de responsabilité collective :
« Apportons chacun au moins notre brique pour Sankara, nos briques pour Sankara, et bâtissons ensemble ce mémorial universel, symbole de courage, de dignité et d’unité humaine, où les générations présentes et futures apprendront que l’Afrique peut compter sur elle-même. »
Un projet monumental, ancré dans la mémoire africaine
Le Mémorial Thomas Sankara s’étend sur plus de 14 hectares à Ouagadougou et comprend 16 infrastructures majeures. La statue monumentale du président révolutionnaire et le mausolée ont déjà été inaugurés, témoignant de la volonté du Burkina Faso d’ancrer dans le marbre et la pierre le souvenir de celui que beaucoup surnomment encore « le Che africain ».
Parmi les futures constructions figurent la Tour Thomas Sankara, haute de 87 mètres – chiffre symbolique rappelant 1987, année de son assassinat –, ainsi que la Maison des mémoires, un musée, une bibliothèque, une médiathèque, une salle d’exposition, une salle de conférence et un parc d’animation. Ce complexe se veut un espace d’apprentissage, de réflexion et de transmission des valeurs sankaristes : intégrité, souveraineté, justice sociale et confiance en l’Afrique.
Une mobilisation partagée entre État et citoyens
Selon Luc Damiba, l’État burkinabè finance 60 % du budget total du Mémorial, tandis que 40 % proviennent du secteur privé, des populations et des partenaires extérieurs. Cette répartition illustre la volonté des autorités de faire du Mémorial une œuvre collective, portée à la fois par les institutions publiques et par les citoyens.
Le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, à travers ce projet, entend aussi renforcer le sentiment d’appartenance et de fierté nationale, dans un contexte où la mémoire de Sankara continue d’inspirer bien au-delà des frontières du Burkina Faso.
Un symbole continental d’autodétermination
Quarante ans après son assassinat, Thomas Sankara reste une figure tutélaire du panafricanisme. Sa pensée, axée sur la dignité, l’émancipation économique et la solidarité africaine, trouve une résonance particulière à l’heure où de nombreux pays du continent cherchent à redéfinir leur souveraineté politique et économique.
L’initiative « Ma brique pour Sankara » ne se limite donc pas à une collecte de fonds : elle se veut une renaissance spirituelle et symbolique, un appel à l’action et à la confiance en soi. Chaque don, chaque contribution, chaque « brique » déposée représente un engagement en faveur d’une Afrique qui se construit par elle-même et pour elle-même.
Ainsi, le Mémorial Thomas Sankara, une fois achevé, ne sera pas seulement un lieu de mémoire. Il deviendra un sanctuaire de la conscience africaine, un espace où le rêve sankariste continuera de vivre, inspirant les générations à venir à bâtir une Afrique libre, juste et unie.




