Dans une note officielle adressée à la Coordinatrice résidente du Système des Nations Unies au Burkina Faso, le ministre des Affaires étrangères, Karamoko Jean Marie Traoré, a exprimé les attentes du gouvernement burkinabè quant à un recentrage stratégique du partenariat avec les agences onusiennes. Au cœur de cette démarche : la souveraineté nationale, la valorisation des compétences locales et un appel à une gouvernance plus équitable des interventions internationales.
La missive, au ton ferme mais diplomatique, salue d’abord la qualité de la coopération entre le Burkina Faso et le Système des Nations Unies, tout en rappelant l’attachement du pays aux principes de la Charte onusienne et aux cadres internationaux de partenariat tels que la Déclaration de Paris ou l’Agenda 2030. Cependant, le gouvernement de la transition, dirigé par le Capitaine Ibrahim Traoré, entend désormais imprimer une nouvelle dynamique, davantage centrée sur les priorités nationales.
Parmi les griefs soulevés : le recrutement unilatéral d’experts internationaux sans concertation avec les autorités burkinabè, l’insuffisante mobilisation de l’expertise nationale malgré la disponibilité de profils compétents, ou encore la précarité des postes occupés par des Burkinabè en cas de coupes budgétaires. Autant de pratiques jugées déséquilibrées, voire contre-productives dans le contexte actuel du pays.
Dans une logique de rééquilibrage, plusieurs recommandations sont formulées. Le gouvernement burkinabè demande notamment :
- La priorisation systématique de l’expertise nationale, y compris à des postes de direction, afin de renforcer l’appropriation des projets et la durabilité des résultats ;
- Une codécision obligatoire dans le recrutement d’experts internationaux, conditionnée par l’approbation des ministères sectoriels, du ministère des Finances et des Affaires étrangères ;
- La protection des emplois nationaux lors des ajustements budgétaires ;
- Un recentrage budgétaire sur des projets structurants visibles et à fort impact pour les populations locales, au détriment des charges salariales élevées pour les expatriés ;
- L’instauration d’évaluations conjointes du personnel international, impliquant les institutions nationales dans les processus de redevabilité.
Cette note s’inscrit dans une volonté clairement affirmée du pouvoir burkinabè de reprendre la main sur l’agenda du développement, en lien avec la vision présidentielle axée sur l’indépendance stratégique, la souveraineté et l’autonomisation des ressources humaines locales.
Le ministre Traoré a également invité la Coordinatrice résidente à relayer ces orientations aux chefs des agences onusiennes présentes sur le territoire, tout en soulignant la nécessité d’une adaptation rapide des pratiques en vigueur.
Ce recentrage exigé du partenariat marque un tournant dans les relations entre le Burkina Faso et ses partenaires internationaux. Il reflète un contexte de transition marqué par une redéfinition des rapports entre l’État et les institutions multilatérales, sur fond de revendication croissante de souveraineté dans la gestion de l’aide et du développement.

