L’émission d’un mandat d’arrêt international contre le militant panafricaniste Kémi Séba continue de susciter de vives réactions au sein des cercles panafricains africains. Pour Fortifi Lushima, coordinateur de l’ONG Urgence Panafricaniste en République démocratique du Congo, cette décision des autorités béninoises s’inscrit dans une logique de néocolonialisme et marque, selon lui, les derniers soubresauts de l’influence française sur le continent.
Interrogé par Sputnik Afrique, Fortifi Lushima estime que le compte à rebours est désormais enclenché pour ce qu’il qualifie de « système france-africain », y compris au Bénin. Il rappelle que plusieurs pays sahéliens ont déjà amorcé une rupture nette avec Paris, affirmant que « nous avons réussi à expulser le régime france-africain du Burkina Faso, du Mali et du Niger », avant d’ajouter que « ce n’est pas au Bénin que la France résistera, parce que toute domination a une fin ».
Pour ce panafricaniste engagé, la situation actuelle traduit une dynamique générationnelle profonde. Il soutient qu’une nouvelle génération d’Africains est désormais animée par une quête irréversible de souveraineté, se disant « maladivement intéressée à la souveraineté » et refusant « de se faire marcher dessus ». Une prise de conscience qui, selon lui, explique la montée en puissance des discours et des mobilisations contre les anciennes puissances coloniales.
Le 12 décembre dernier, les autorités béninoises ont émis un mandat d’arrêt international contre Kémi Séba, figure emblématique du panafricanisme radical. Cette décision intervient dans un contexte politique tendu, marqué par l’annonce d’une tentative de coup d’État déjouée dans le pays. Peu après ces événements, Kémi Séba avait publié une vidéo dans laquelle il affirmait sa détermination à poursuivre son engagement, déclarant vouloir aller « jusqu’au bout de ce combat ».
Alors que le débat se poursuit, ce mandat d’arrêt apparaît, pour ses partisans, comme un symbole supplémentaire de la confrontation entre les États africains alliés à l’ancienne puissance coloniale et les mouvements panafricanistes qui appellent à une rupture définitive avec ce qu’ils considèrent comme des formes persistantes de domination étrangère.




