Le préfet du département du Barh-Sara, Ismaël Ahmed Harane, a conduit, jeudi 11 décembre 2025, une importante mission de sensibilisation dans le village de Bendi, chef-lieu du canton Dilingala. Au cœur des échanges : la sécurité, la cohabitation pacifique entre agriculteurs et éleveurs et la protection de l’environnement, dans une zone régulièrement confrontée à des tensions communautaires.
La délégation préfectorale comprenait des représentants de la compagnie de la gendarmerie, de la Garde nationale et nomade du Tchad (GNNT), de la DGSSIE, des services de l’Environnement, ainsi que d’autres services déconcentrés de l’État. À leur arrivée, les autorités ont été accueillies par le chef de canton de Dilingala, Nelbo Madjita Florent, qui a salué, au nom de la population, cette initiative de proximité.
Un plaidoyer en faveur du dialogue et de la cohésion sociale
Intervenant à son tour, le sous-préfet de Moïssala, Kamingar Jean Robndoh, entouré de ses collaborateurs, a souligné l’importance de cette démarche, rappelant qu’il s’agit de la deuxième visite du préfet dans le canton dans le cadre de la recherche de la paix. Il a toutefois regretté l’absence des chefs de ferricks, qui n’ont pas répondu à la convocation préfectorale.
Pour sa part, le président du Comité départemental de gestion des conflits éleveurs–agriculteurs, Loubasra Docteur, a insisté sur la nécessité de privilégier le dialogue et la communication, notamment en cas de dévastation des champs, afin d’éviter toute escalade de violences.
Recommandations techniques et protection de l’environnement
Sur le plan technique, le chef de secteur de l’Élevage a invité les agriculteurs à améliorer la fertilité des sols par le compostage des bouses de bœufs et des résidus de récoltes. S’adressant aux éleveurs, il a rappelé l’importance de la vaccination du cheptel, précisant que celle des moutons et chèvres est gratuite, tandis que la vaccination des bovins est fixée à 100 F CFA par tête, pouvant atteindre 150 F CFA en cas de résistance.
Le responsable des Eaux et Forêts a, quant à lui, rappelé les principales dispositions de la loi 023 relative à la protection de l’environnement, notamment l’interdiction des feux de brousse, du défrichage abusif et de la coupe illégale de bois vert. Il a mis en garde contre l’avancée de la désertification et dénoncé la destruction massive du karité, un arbre aux multiples vertus économiques et écologiques.
Les messages forts du préfet
Dans son intervention, le préfet Ismaël Ahmed Harane a appelé au recours systématique aux comités locaux de gestion des conflits avant toute confrontation. Il a insisté sur le respect de l’autorité de l’État, la collaboration avec les chefs traditionnels, et l’urgence de faire de l’éducation une priorité, déplorant la faible scolarisation des filles dans la zone.
Le préfet a également échangé directement avec les femmes, les jeunes, les chefs de villages et les chefs de ferricks, afin de mieux cerner les défis liés au vivre-ensemble.
Des doléances persistantes
Lors des échanges, les chefs de villages et les femmes ont dénoncé la dévastation répétée des champs par des éleveurs venus de sous-préfectures voisines, ainsi que le manque de respect de certains éleveurs envers les autorités traditionnelles.
À travers cette mission, l’administration territoriale entend renforcer la prévention des conflits, promouvoir la paix durable et préserver les ressources naturelles, indispensables à la survie des communautés du Barh-Sara.
