Algérie : le président défend son bilan et fixe le cap des réformes devant le Parlement

Devant les deux chambres du Parlement réunies au Palais des Nations, le président de la République a livré un discours dense, à la fois bilan d’étape et projection stratégique. Gouvernance, économie, justice sociale et politique étrangère ont structuré une allocution au ton volontariste, marquée par la défense assumée des choix opérés depuis 2019 et par un appel à la responsabilité collective.

Devant les deux chambres du Parlement réunies au Palais des Nations, le président de la République a livré un discours dense, à la fois bilan d’étape et projection stratégique. Gouvernance, économie, justice sociale et politique étrangère ont structuré une allocution au ton volontariste, marquée par la défense assumée des choix opérés depuis 2019 et par un appel à la responsabilité collective.

Sur le plan institutionnel, le chef de l’État a salué la « dynamique nouvelle » du Parlement, soulignant l’usage effectif de ses prérogatives, notamment l’initiative législative à travers des textes symboliques comme ceux relatifs à la nationalité et à la criminalisation du colonialisme. Il a réaffirmé son ouverture au dialogue politique, promettant d’examiner l’ensemble des revendications formulées par les partis, tout en rappelant que les réformes constituent un processus continu au service d’une gouvernance « par le peuple et pour le peuple ».

La lutte contre la corruption est revenue avec force dans le discours présidentiel. La justice, a-t-il assuré, restera intraitable face aux dérives, tout en protégeant les cadres intègres de l’administration. Une ligne d’équilibre présentée comme essentielle pour restaurer la confiance et consolider l’État.

Sur le terrain économique, le président a insisté sur l’intégration de l’Algérie dans une dynamique d’investissement qu’il qualifie d’« inédite ». Il a cité la participation d’investisseurs étrangers dans 309 projets comme un démenti aux discours sur l’isolement du pays. La baisse du taux d’inflation et la « bonne santé » de l’économie nationale ont été mises en avant comme des indicateurs de redressement, attribués non à une seule personne mais à l’ensemble des travailleurs et cadres de la nation.

L’industrialisation et la production nationale occupent une place centrale dans ce bilan. Le chef de l’État a affirmé que la part de l’industrie dans le PIB est remontée à près de 10 %, après avoir été « délibérément ramenée à 3 % » par le passé. Il a également mis en avant l’autosuffisance du marché pharmaceutique à plus de 80 %, l’essor des start-up, plus de 13 000, dont certaines reconnues à l’international et les grands projets structurants comme le gisement de fer de Gara Djebilet, présenté comme le troisième plus important au monde. La relance annoncée de la production de phosphate dans les Hauts Plateaux, avec un objectif de multiplication par cinq des capacités, s’inscrit dans cette même logique de souveraineté économique.

Le secteur agricole n’a pas été en reste. Le président a salué la création de 15 000 entreprises agricoles indépendantes de la tutelle directe du ministère, l’introduction accrue de la technologie et leur impact positif sur l’économie. Il a toutefois reconnu un échec notable : la production de viandes, appelant les acteurs du secteur à plus d’engagement pour réduire les importations et préserver les ressources nationales.

Sur le plan social, le chef de l’État a revendiqué la protection du pouvoir d’achat, non seulement par les salaires, avec des hausses déjà engagées et la création de 82 000 emplois, mais aussi par le maintien des subventions sur les produits de base, l’eau, l’électricité, le logement et la gratuité de l’éducation. Depuis le début de son premier mandat, 1,7 million de logements auraient été réalisés. Il a martelé que l’histoire ne retiendra pas qu’il ait porté atteinte au soutien accordé aux citoyens les plus modestes.

La politique étrangère a clos l’intervention sur un ton ferme. Le président a réitéré la constance de la position algérienne en faveur de la Palestine et défendu une approche strictement inter-libyenne pour résoudre la crise en Libye. Il a également mis en garde contre les tentatives de division entre l’Algérie et la Tunisie, affirmant que la sécurité des deux pays est indissociable. « Toucher à la Tunisie, c’est toucher à l’Algérie », a-t-il lancé, rejetant toute accusation d’ingérence et saluant la solidité de l’esprit national tunisien ainsi que la position du président Kaïs Saïed.

À travers ce discours, le président a cherché à consolider un récit de redressement et de résilience, tout en assumant les zones d’ombre et en appelant à une mobilisation nationale face aux défis économiques, sociaux et géopolitiques à venir.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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