Face à la récurrence des crises alimentaires liées aux aléas climatiques et à l’instabilité des moyens d’existence, le Tchad amorce une nouvelle étape dans sa stratégie de réponse précoce. Un atelier national de plaidoyer pour l’institutionnalisation du système communautaire d’alerte et de réponse aux urgences a été officiellement lancé ce jeudi dans la capitale.
Organisée par le Ministère de la Production et de l’Industrialisation agricole, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), cette rencontre stratégique vise à doter le pays d’un dispositif d’alerte renforcé, ancré au niveau communautaire.
Un système d’alerte taillé sur mesure
Le projet présenté, intitulé « Renforcement de l’alerte précoce à base communautaire pour l’anticipation des aléas agro-climatiques », ambitionne de mettre les communautés rurales au cœur du dispositif de surveillance. Il s’agit de leur permettre de détecter rapidement les signaux d’alerte sécheresse, inondations, infestations de criquets, entre autres et de déclencher une réponse rapide et coordonnée.
« La résilience des ménages vulnérables passe par leur capacité à anticiper les chocs. Ce système permettra de sauver des vies, des récoltes et des cheptels », a déclaré le Ministre Keda Ballah lors de son allocution d’ouverture.
Une réponse multisectorielle attendue
L’atelier a réuni un panel représentatif d’acteurs : des responsables de ministères techniques, des partenaires au développement, des ONG locales et internationales ainsi que des leaders communautaires. Tous partagent la même ambition : construire une réponse collective, rapide et adaptée aux urgences alimentaires qui menacent de manière cyclique les populations les plus fragiles.
Le représentant résident de la FAO au Tchad a, pour sa part, souligné l’importance d’institutionnaliser ce système pour garantir sa pérennité. « Ce n’est qu’en intégrant ces mécanismes dans les politiques publiques que le Tchad pourra durablement faire face aux chocs agro-climatiques », a-t-il déclaré.
Un enjeu de souveraineté alimentaire
Cet atelier marque une étape cruciale vers une sécurité alimentaire durable dans un pays où plus de 5 millions de personnes sont exposées chaque année à une insécurité alimentaire modérée ou aiguë, selon les données du Cadre Harmonisé. En renforçant la vigilance communautaire, le gouvernement entend réduire la dépendance aux interventions d’urgence tardives, souvent coûteuses et moins efficaces.
L’atelier s’achèvera par l’élaboration d’une feuille de route pour l’opérationnalisation du système d’alerte précoce. À terme, ce mécanisme pourrait être étendu à l’ensemble des provinces du pays.
