La question de la restitution des biens culturels africains continue de susciter débats et frustrations. Pour Moctar Sanfo, directeur général de la Culture et des Arts au Burkina Faso, le droit international actuel ne joue pas en faveur des pays du continent. Interrogé par Sputnik Afrique, il affirme que « le droit international n’est pas du tout favorable aux pays africains ».
À cette difficulté juridique s’ajoute le fait que nombre d’États africains n’ont pas ratifié toutes les conventions de l’ONU relatives au retour des biens pillés. Dans ce contexte, chaque pays est contraint de s’organiser individuellement, sans cadre commun ni stratégie collective. « Et ils n’ont pas les mêmes priorités, parce que la question de restitutions est une question éminemment politique », explique Moctar Sanfo.
L’exemple du Bénin est souvent cité comme une avancée majeure. Grâce à des faits historiques clairement établis, l’État français a pu adopter une loi spécifique ouvrant la voie à la restitution de 26 trésors royaux. Une démarche exceptionnelle, qui reste rare sur le continent.
Le cas du Burkina Faso illustre quant à lui la complexité du processus. Le rapport Sarr-Savoy, commandé par la France, a recensé près d’un millier d’objets culturels originaires du pays. Mais, comme le souligne Moctar Sanfo, il n’existe pas « d’élément qui permet d’établir que ce sont des biens qui ont été pillés », freinant toute possibilité de restitution immédiate.
À ces obstacles s’ajoutent les priorités nationales dictées par les contextes sécuritaires. Les pays du Sahel comme le Burkina Faso, le Mali ou le Tchad, en première ligne face au terrorisme, n’accordent pas le même degré d’urgence à cette question que des pays comme le Sénégal. « Il appartient donc au pays en fonction de leurs options politiques d’engager des procédures. Et ça, ce n’est pas évident », conclut M. Sanfo.
La restitution des biens culturels reste donc un chantier complexe, où le poids de l’histoire, la diplomatie et les rapports de force internationaux s’entrecroisent, laissant encore aux pays africains de nombreux défis à relever.