Le spectre de l’insurrection plane à nouveau sur le nord-est du Nigéria. Ces dernières semaines, une recrudescence inquiétante des attaques attribuées au groupe djihadiste Boko Haram et à son dissident, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), ravive les craintes d’une nouvelle vague de violences dans une région déjà meurtrie par plus d’une décennie de conflit.
Selon plusieurs sources sécuritaires et humanitaires, les insurgés ont multiplié les incursions armées dans les États du Borno et du Yobe, ciblant aussi bien les civils que les forces gouvernementales. Des villages entiers ont été attaqués, des routes rendues impraticables, et des camps de déplacés internes menacés, obligeant les populations à fuir une fois de plus.
Cette montée de violence survient dans un contexte de fragilité persistante, malgré les déclarations du gouvernement nigérian qui assurait, ces derniers mois, avoir affaibli les capacités opérationnelles des groupes armés. Les faits sur le terrain racontent une tout autre réalité : des embuscades meurtrières, des enlèvements et des actes de sabotage d’infrastructures se poursuivent à un rythme inquiétant.
Boko Haram, actif depuis 2009, et son rival ISWAP, apparu en 2016 à la suite d’une scission interne, continuent de semer la terreur dans une zone frontalière avec le Tchad, le Niger et le Cameroun. Cette instabilité régionale complique les efforts conjoints des pays riverains du lac Tchad pour contenir l’insurrection, en dépit de la présence de la Force multinationale mixte (FMM).
Les observateurs internationaux craignent que cette résurgence ne compromette davantage la situation humanitaire, déjà critique dans le nord-est nigérian. Plus de deux millions de personnes sont déplacées et plusieurs millions dépendent de l’aide humanitaire, souvent entravée par l’insécurité.
Face à cette escalade, les appels se multiplient pour une riposte plus coordonnée, alliant réponses militaires, développement local et dialogue communautaire. Car si les djihadistes semblent regagner du terrain, c’est aussi sur le terreau de la pauvreté, du chômage et de l’isolement que prospère leur idéologie.