Afrique : le continent s’apprête à lancer sa propre agence de notation

L’Afrique franchit une nouvelle étape vers l’affirmation de sa souveraineté économique. Une Agence africaine de notation de crédit (AfCRA) est sur le point de voir le jour, sous l’impulsion de l’Union africaine (UA). Prévue initialement pour entrer en service en juin 2025, son lancement a été reporté à septembre, selon plusieurs sources médiatiques.

L’objectif affiché de cette nouvelle institution est ambitieux : offrir une alternative continentale aux grandes agences de notation internationales, souvent accusées de biais systémique et de sous-évaluation des économies africaines. Soutenue par l’Union africaine, l’AfCRA prévoit de fournir des notations souveraines en monnaie locale à partir de 2026, ciblant ainsi un marché longtemps dominé par les géants occidentaux comme Moody’s, Fitch ou Standard & Poor’s.

Une réponse aux critiques sur les agences internationales

Depuis plusieurs années, de nombreuses voix s’élèvent en Afrique contre les méthodes et les critères jugés inadaptés des agences de notation internationales. Ces notations influencent directement le coût d’emprunt des États sur les marchés financiers, et plusieurs dirigeants africains ont dénoncé des évaluations qu’ils estiment déconnectées des réalités locales, voire « injustes » dans le contexte des crises mondiales successives.

L’AfCRA ambitionne donc de rééquilibrer le narratif financier mondial en s’appuyant sur une meilleure connaissance des contextes économiques et sociaux africains. Elle devrait évaluer les risques en tenant compte de la dynamique interne des pays du continent, avec une attention particulière portée aux politiques publiques, aux réformes économiques et à la stabilité institutionnelle.

Une initiative stratégique pour l’avenir financier du continent

Ce projet s’inscrit dans un mouvement plus large de recherche d’autonomie stratégique de l’Afrique sur les plans économique et financier. Il fait également écho aux réflexions menées dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à stimuler les échanges intra-africains et renforcer les capacités locales.

L’AfCRA pourrait ainsi jouer un rôle clé dans la mobilisation des ressources internes, en renforçant la confiance des investisseurs locaux et régionaux. À terme, cette agence pourrait aussi favoriser la création de marchés financiers intégrés, en soutenant les efforts de transparence et de gouvernance économique.

Reste à voir comment cette nouvelle structure s’imposera face à des acteurs internationaux bien établis. Mais pour de nombreux observateurs, la création de l’AfCRA constitue déjà un signal fort de la volonté des pays africains de prendre en main leur destin financier.

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