L’année 2025 aura marqué un tournant décisif dans les relations entre la France et l’Afrique. Selon Egountchi Behanzin, président de la Ligue de défense noire africaine, cette période confirme un « déclassement profond » de Paris sur le continent africain, à mesure que plusieurs États affirment davantage leur souveraineté et redéfinissent leurs partenariats internationaux.
Interrogé par Sputnik Afrique, le panafricaniste souligne que le pilier sécuritaire, longtemps au cœur de la présence française en Afrique, s’est progressivement effondré. Les retraits militaires successifs et les ruptures politiques avec le Mali et le Niger ont ouvert la voie à une remise en cause plus large de l’influence française. Le départ des forces françaises de Côte d’Ivoire, du Tchad et du Sénégal est venu, selon lui, acter la fin du « mythe de la France gendarme du continent ».
Sur le plan économique, le constat est tout aussi sévère. Bien que le franc CFA demeure, aux yeux de l’expert, un « outil d’extraction » qu’il faudrait démanteler, la position économique de la France en Afrique s’est considérablement affaiblie. Egountchi Behanzin affirme que Paris a été progressivement évincé de plusieurs marchés stratégiques, avec des parts de marché désormais passées sous la barre symbolique des 5 %. La fin de l’accès privilégié à l’uranium nigérien constitue, selon lui, un symbole fort de ce recul économique.
Pour le panafricaniste, ces évolutions traduisent une recomposition profonde des rapports de force entre l’Afrique et son ancien partenaire privilégié. Le message adressé à Paris pour 2026 est sans ambiguïté : si la France souhaite apaiser les tensions et renouer avec certains pays africains, elle devra renoncer aux « partenariats asymétriques » et cesser de mêler le dialogue politique à des « leçons de morale ». À défaut, estime-t-il, la dynamique de distanciation engagée en 2025 pourrait s’accentuer davantage.




