Afrique : Extraction de lithium au Mali : un expert appelle à “défendre nos intérêts” et à tirer les leçons du passé

L’exploitation du lithium franchit une nouvelle étape au Mali avec la mise en service de la mine de N’Gouanala, inaugurée récemment par les autorités de transition. Contacté par Sputnik Afrique, l’économiste et financier malien Modibo Mao Makalou analyse les enjeux économiques et stratégiques de cette avancée pour le pays.

Selon lui, l’entrée en production de ce site propulse le Mali dans une nouvelle dimension. Avec deux mines désormais opérationnelles, le pays devient “de facto le premier producteur africain de lithium”, avec une capacité globale estimée à 600.000 tonnes de concentré de spodumène par an. Un volume qui place le Mali en position de force dans un secteur devenu essentiel pour les industries des batteries et de la transition énergétique mondiale.

Sur le plan financier, Modibo Mao Makalou insiste sur la rentabilité potentielle de cette filière. Il explique que “le prix international du spodumène de lithium se situe à environ 1 000 dollars la tonne” tandis que les coûts de production “atteignent à peine 500 dollars la tonne”. Une configuration qui, selon lui, laisse entrevoir “des bénéfices substantiels” pour le pays, à condition que les intérêts maliens soient “correctement défendus”.

L’exploitation de la mine est assurée par la société Mines de Lithium de Bougouni (LMLB SA), détenue à 65% par Kodal Mining UK Limited et à 35% par l’État du Mali. Cette répartition capitalistique rappelle, selon l’expert, la nécessité pour Bamako de rester vigilant dans ses partenariats avec les multinationales. Il souligne que “c’est à nous de défendre nos intérêts, de bien les défendre”, notamment “à travers des contrats équilibrés et transparents”.

Pour lui, la clé réside dans un renforcement des capacités de négociation du pays. “C’est cela qui va nous permettre de tenir tête à ces multinationales, mais il faut savoir renforcer notre capacité de négociation. Il faut vraiment que nous tirions les enseignements du passé, les erreurs que nous avons pu faire”, préconise-t-il.

Modibo Mao Makalou appelle également à ne pas limiter les partenariats à un seul acteur étranger. Selon lui, la stratégie la plus bénéfique pour le Mali passe par une diversification des collaborations, afin de garantir des conditions “gagnant-gagnant” et d’éviter une dépendance excessive à un unique investisseur.

À l’heure où la demande mondiale en lithium explose, le Mali se trouve à un tournant décisif. Reste à savoir si la gestion de cette ressource stratégique permettra au pays de maximiser ses retombées économiques tout en évitant les pièges du passé.

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