La capitale malienne a accueilli une conférence régionale d’envergure réunissant des acteurs du numérique, des médias et de la société civile venus du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. À l’ordre du jour : le numérique comme levier de cohésion sociale et la lutte contre la désinformation dans l’espace sahélo-ouest-africain.
Organisée avec le soutien de Search For Common Ground, de l’UNESCO et de plusieurs institutions nationales et partenaires techniques comme l’ADETIC (Tchad), l’ARCEP, ou encore Eduk-Médias, la rencontre a débouché sur une série de recommandations ambitieuses pour refonder les usages du numérique au service de la paix, de la transparence et de la démocratie.
Un constat partagé : le numérique à double tranchant
Si les technologies numériques représentent un formidable outil de développement et de participation citoyenne, elles demeurent marquées par de profondes disparités d’accès. Au Mali, au Tchad ou encore au Niger, une grande partie des populations reste exclue de la révolution digitale. Cette fracture numérique, ont souligné les participants, alimente les inégalités et fragilise la cohésion sociale.
Par ailleurs, l’absence de régulation adaptée face à l’explosion des réseaux sociaux favorise la circulation des fausses informations, de la propagande et des discours de haine, en particulier en période de crise.
Des recommandations pour un numérique responsable et solidaire
La conférence a ainsi appelé à un accès équitable aux technologies de l’information, via un investissement accru dans les infrastructures numériques et les capacités locales. Elle a également plaidé pour une éducation renforcée à la citoyenneté numérique, notamment à destination des jeunes, première cible et vecteur des contenus en ligne.
En matière de régulation, les experts ont proposé : l’adoption de lois spécifiques aux plateformes numériques ; la création d’une coalition régionale pour l’autorégulation des GAFAM ; l’élaboration d’un code de bonne conduite numérique adapté aux réalités africaines ; la mise en place de cellules nationales de veille contre les infox.
La nécessité d’un cadre de dialogue permanent entre gouvernements, régulateurs, médias, et société civile a également été soulignée pour contrer efficacement la manipulation de l’information.
Le journalisme d’investigation en première ligne
Parmi les mesures phares, la conférence a mis l’accent sur le renforcement du journalisme d’investigation, perçu comme un rempart contre la désinformation et un outil essentiel pour garantir une information fiable. À cet effet, un soutien accru à la formation des journalistes et aux médias communautaires a été préconisé.
Vers une gouvernance numérique concertée
Enfin, les participants ont plaidé pour la construction d’un cadre commun de gouvernance numérique dans la région sahélienne, afin d’harmoniser les politiques publiques et promouvoir des normes partagées en matière de régulation, de protection des données et de respect des droits humains.
La conférence de Bamako marque un pas important vers une coopération transfrontalière face aux enjeux numériques croissants. Les recommandations formulées devraient nourrir les stratégies nationales et régionales, en vue de bâtir un espace numérique plus sûr, plus inclusif et plus résilient.