Plus d’un an après la mort tragique de l’opposant tchadien Yaya Dillo Djérou Betchi à N’Djamena, sa famille franchit une nouvelle étape judiciaire. Ousmane Dillo, frère de la victime, a annoncé le dépôt d’une plainte contre X devant le tribunal judiciaire de Paris pour assassinat et complicité d’assassinat, impliquant au moins un ressortissant français. Ce dépôt de plainte, initialement révélé en février 2025, concerne les événements sanglants du 28 février 2024 qui ont coûté la vie à Yaya Dillo.
La démarche judiciaire en France fait suite à ce que la famille qualifie de « carence manifeste » des autorités tchadiennes à ouvrir une enquête crédible et indépendante sur cette affaire. Malgré les engagements pris publiquement pour l’ouverture d’une investigation internationale, notamment réitérés par des figures européennes telles que le ministre français Jean-Noël Barrot ou encore le député Aurélien Taché, aucun progrès significatif n’a été enregistré à ce jour au Tchad.
Le dossier soumis à la justice française s’appuie sur plusieurs rapports accablants. Parmi eux, les conclusions du Comité d’enquête sur l’assassinat de Yaya Dillo, les constats du Groupe de travail de l’ONU sur les détentions arbitraires et les observations de l’IRCT (Conseil international pour la réhabilitation des victimes de torture). Ces sources pointent toutes vers un « assassinat prémédité et méthodiquement orchestré » par des éléments des services de sécurité tchadiens, avec un usage massif de la force contre les proches de Dillo et un ciblage précis de sa personne.
En parallèle de cette plainte, la famille Dillo a également saisi les rapporteurs spéciaux des Nations Unies en matière d’exécutions extrajudiciaires, de liberté d’opinion et d’expression, ainsi que le Groupe de travail sur la détention arbitraire. Ces démarches visent à obtenir une enquête internationale indépendante, mais aussi à garantir que les responsables de cet acte ne demeurent pas impunis.
Contacté via ses avocats français, Ousmane Dillo a réaffirmé sa volonté d’« aller jusqu’au bout pour que justice soit faite », tout en appelant la communauté internationale à se mobiliser. Il exhorte notamment la France, pays dans lequel la plainte a été déposée, à user de son influence pour faire avancer la vérité dans cette affaire aux fortes résonances politiques.
