Les chefs d’État du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont annoncé ce mardi 18 mars leur retrait officiel de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Réunis au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), ces trois pays justifient cette décision par un manque de soutien de l’organisation face aux transitions politiques en cours sur leurs territoires.
Une décision historique après 55 ans d’engagement
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont joué un rôle clé dans la fondation de la Francophonie. Ils ont notamment participé à la création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) lors du Sommet de Niamey en 1970, qui a évolué en Organisation Internationale de la Francophonie en 2005. Pendant plus d’un demi-siècle, ces pays ont contribué à l’essor de la coopération francophone dans des domaines variés comme l’éducation, la culture et la gouvernance.
Toutefois, les autorités de transition en place dans ces trois États estiment que l’OIF n’a pas accompagné leurs aspirations souveraines et démocratiques. « Cette organisation ne nous a pas soutenus dans nos choix politiques et stratégiques, alors qu’elle se veut être un espace de dialogue et d’échange », confie une source diplomatique à Ouagadougou.
Un retrait justifié par des enjeux de souveraineté
Ce retrait a été acté par le capitaine Ibrahim Traoré (Burkina Faso), le général d’armée Assimi Goïta (Mali) et le général de brigade Abdourahamane Tiani (Niger), qui affirment agir dans l’intérêt de leurs nations. Leur décision s’inscrit dans une dynamique de rupture avec certaines institutions internationales, à l’instar de leur départ de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2024.
Selon des analystes politiques, cette annonce marque une nouvelle étape dans l’affirmation de l’autonomie politique de la Confédération AES. « Ces États cherchent à redéfinir leurs partenariats en privilégiant des alliances qui respectent pleinement leur souveraineté », explique un expert des relations internationales basé à Bamako.
Quelles conséquences pour la Francophonie ?
Le retrait de ces trois pays pourrait avoir un impact non négligeable sur l’OIF, dont la mission est de promouvoir la langue française et la coopération entre ses membres. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, situés au cœur du Sahel, représentent une part importante des locuteurs francophones en Afrique de l’Ouest.
Pour l’instant, l’OIF n’a pas encore réagi officiellement à cette annonce. Toutefois, certains observateurs s’interrogent sur la capacité de l’organisation à maintenir son influence dans la région, alors que d’autres États pourraient être tentés d’emprunter la même voie.
Vers une nouvelle orientation diplomatique ?
Cette décision renforce la volonté des pays de l’AES de bâtir une coopération basée sur de nouveaux principes. Alors qu’ils développent des relations avec d’autres puissances comme la Russie et la Chine, ils affichent une volonté de s’émanciper des structures héritées de la colonisation.
Le retrait de la Francophonie s’ajoute ainsi à une série de ruptures diplomatiques qui traduisent un repositionnement stratégique des trois pays. Reste à savoir si cette décision incitera d’autres États africains à reconsidérer leur place au sein des organisations internationales traditionnelles.