Tensions à Bédaya : l’ADESE/MC prend la défense du Mbanga face à une mise en garde préfectorale jugée abusive

Un vent de crispation souffle sur le canton de Bédaya, dans le Mandoul Oriental, après une mise en garde officielle adressée par le Préfet au Mbanga, autorité coutumière de la localité. Ce geste de l’administration locale a déclenché une vague de protestation au sein de la société civile, notamment de l’Association pour le Développement Social et Économique du Moyen-Chari (ADESE/MC), qui dénonce une dérive autoritaire.

Dans un communiqué rendu public, l’ADESE/MC s’insurge contre ce qu’elle qualifie d’« atteinte grave à la dignité et à la sacralité de la chefferie traditionnelle ». L’association, par la voix de son président Baniara Yohana, critique l’attitude du préfet, estimant que cette intervention méconnaît les réalités sociales locales et vient saper les fondements du pouvoir coutumier.

« Il est impensable que l’autorité administrative s’ingère de manière aussi directe dans les affaires d’une chefferie sans tenir compte du cadre juridique en vigueur », martèle M. Yohana, qui cite la Constitution du 17 décembre 2023 ainsi que la loi organique N°13/PR/2010 pour rappeler le rôle et le respect dus aux autorités traditionnelles.

L’affaire est d’autant plus sensible que la population elle-même se trouve divisée, certains habitants exprimant un désaccord envers le Chef de canton, tandis que d’autres défendent farouchement son autorité. Dans ce contexte tendu, l’ADESE/MC appelle au calme et au dialogue, tout en mettant en garde contre la création d’une jurisprudence « dangereuse » pour la stabilité des chefferies traditionnelles dans le pays.

Du côté des communautés du Grand Moyen-Chari, la solidarité avec le Mbanga s’affiche clairement. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer le respect des institutions traditionnelles, piliers de la cohésion sociale dans les régions.

Alors que la frontière entre pouvoir administratif et autorité coutumière semble de plus en plus floue, cette affaire pourrait bien relancer le débat sur la place des chefferies dans l’architecture institutionnelle tchadienne. Une chose est sûre : les regards sont désormais tournés vers les autorités du Mandoul Oriental, appelées à faire preuve de discernement pour apaiser les tensions.

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