Une introspection historique est en cours au cœur du musée du Quai Branly – Jacques Chirac. L’institution parisienne, qui abrite l’une des plus importantes collections d’art africain au monde, a engagé une enquête d’envergure sur la provenance de ses pièces, en particulier celles acquises durant la période coloniale.
Sur les quelque 72 000 objets africains conservés par le musée, près de 46 000 ont été collectés entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, à une époque marquée par l’expansion coloniale de la France sur le continent africain. Une partie importante de ces œuvres aurait été obtenue dans un contexte de domination, par la contrainte, voire par la violence.
L’objectif de l’enquête en cours : retracer l’histoire de ces artefacts et établir, de manière aussi rigoureuse que possible, les conditions de leur acquisition. Une démarche complexe, tant les archives sont souvent fragmentaires ou silencieuses sur les circonstances exactes des collectes.
Cette initiative s’inscrit dans un mouvement plus large de réflexion sur la restitution du patrimoine culturel africain, amorcé ces dernières années en France et en Europe. En 2018, un rapport commandé par le président Emmanuel Macron à l’historienne de l’art Bénédicte Savoy et à l’économiste sénégalais Felwine Sarr avait préconisé la restitution des œuvres acquises de manière illégitime durant la colonisation.
Depuis, quelques restitutions symboliques ont eu lieu, comme celle de 26 œuvres au Bénin en 2021, mais le chemin reste long. La mission actuelle du musée du Quai Branly pourrait constituer une nouvelle étape clé vers une réparation historique, attendue par de nombreux pays africains.