Le numérique est aujourd’hui un levier essentiel de développement dans le monde, offrant des opportunités considérables en matière d’éducation, d’emploi et d’innovation. Cependant, au Tchad, l’accès et l’inclusion des jeunes filles dans ce domaine restent un défi majeur. Entre obstacles socioculturels, manque d’infrastructures et faible accès aux outils technologiques, les jeunes filles tchadiennes peinent à tirer pleinement parti de la révolution numérique.
Un accès limité aux technologies
L’un des principaux obstacles auxquels se heurtent les jeunes filles tchadiennes est le manque d’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Selon plusieurs études, l’accès à Internet et aux équipements numériques (ordinateurs, smartphones) demeure faible dans le pays, particulièrement en milieu rural. Ce déficit est accentué par le coût élevé des données mobiles et l’insuffisance des infrastructures, telles que l’électricité et les centres de formation en informatique.
Par ailleurs, les foyers tchadiens privilégient souvent l’investissement numérique pour les garçons, estimant que l’usage des technologies est plus pertinent pour eux que pour les filles. Cette inégalité d’accès empêche les jeunes filles de se familiariser avec les outils numériques dès le plus jeune âge, creusant ainsi l’écart technologique entre les sexes.
Des barrières socioculturelles persistantes
Le poids des traditions et des normes sociales constitue un autre frein à l’intégration des jeunes filles tchadiennes dans le monde du numérique. Dans certaines communautés, l’éducation des filles est encore perçue comme secondaire par rapport à leurs responsabilités domestiques. L’idée selon laquelle les métiers liés aux nouvelles technologies sont réservés aux hommes demeure largement répandue, ce qui décourage de nombreuses jeunes filles à s’orienter vers ces filières.
Le mariage précoce et les charges familiales viennent également limiter les ambitions de nombreuses jeunes filles qui souhaitent poursuivre des études dans le domaine du numérique. Beaucoup d’entre elles se retrouvent ainsi exclues des formations et des carrières technologiques, perpétuant une marginalisation dans ce secteur clé du développement.
Un manque de formation et de modèles féminins
L’absence de formations adaptées et de modèles féminins dans le domaine numérique constitue un autre défi majeur. Peu d’établissements scolaires disposent de programmes spécifiques pour initier les jeunes filles aux compétences numériques, et les formations en informatique restent souvent concentrées dans les grandes villes, loin des zones rurales où vit une grande partie de la population.
De plus, le manque de figures féminines inspirantes dans le secteur technologique limite la projection des jeunes filles dans ces carrières.
Le numérique étant encore majoritairement dominé par les hommes au Tchad, les filles manquent de références et de mentors pour les encourager à persévérer dans ce domaine.
Des initiatives encourageantes pour l’inclusion numérique des filles
Malgré ces défis, plusieurs initiatives voient le jour pour encourager l’inclusion des jeunes filles dans le numérique. Des associations et organisations locales, soutenues par des partenaires internationaux, organisent des formations gratuites en informatique, en codage et en entrepreneuriat digital pour les filles.
Des campagnes de sensibilisation sont également mises en place afin de lutter contre les stéréotypes de genre et d’encourager les familles à investir dans l’éducation numérique des filles. Le gouvernement tchadien, en collaboration avec certains acteurs privés, commence à intégrer le numérique dans les programmes scolaires et à améliorer l’accès à Internet, notamment à travers le déploiement de la fibre optique dans plusieurs régions du pays.
Vers une transformation numérique inclusive
Pour que la jeune fille tchadienne puisse pleinement bénéficier des opportunités offertes par le numérique, il est essentiel d’adopter des politiques inclusives. L’amélioration des infrastructures technologiques, la baisse du coût d’Internet et l’intégration du numérique dans les programmes éducatifs sont autant de leviers nécessaires pour réduire l’écart entre les sexes dans ce domaine.
Il est également crucial de déconstruire les préjugés socioculturels en valorisant les réussites féminines dans le numérique et en promouvant l’égalité des chances dès le plus jeune âge. Avec une mobilisation accrue des autorités, des acteurs éducatifs et des organisations de la société civile, la jeune fille tchadienne pourra progressivement s’imposer comme une actrice clé de la transformation numérique du pays.
L’avenir du Tchad passe par l’inclusion numérique de toutes et tous. Investir dans la formation et l’autonomisation des jeunes filles dans ce secteur, c’est bâtir une société plus équitable et plus compétitive face aux défis du XXIe siècle.
