Tchad: Quand la Présidence de la République se rassure elle-même

Le communiqué de la Présidence de la République du Tchad sur la désinformation laisse un goût amer. Non pas parce qu’il dénonce les fake news, un combat légitime et nécessaire mais parce qu’il inverse subtilement les rôles. Dans une République structurée, ce n’est pas au Chef de l’État de renouveler sa confiance à l’armée. C’est à l’armée, institution républicaine par excellence, de réaffirmer sa loyauté au pouvoir civil face aux tentatives de manipulation et de déstabilisation.

Le communiqué de la Présidence de la République du Tchad sur la désinformation laisse un goût amer. Non pas parce qu’il dénonce les fake news, un combat légitime et nécessaire mais parce qu’il inverse subtilement les rôles. Dans une République structurée, ce n’est pas au Chef de l’État de renouveler sa confiance à l’armée. C’est à l’armée, institution républicaine par excellence, de réaffirmer sa loyauté au pouvoir civil face aux tentatives de manipulation et de déstabilisation.

En proclamant un soutien « entier et inconditionnel » aux Forces de défense et de sécurité, l’exécutif semble vouloir éteindre une rumeur par une déclaration d’autorité. Or, la confiance institutionnelle ne se décrète pas, elle se constate. Elle se lit dans la discipline, dans la neutralité politique des forces armées et dans leur attachement sans ambiguïté à la Constitution et à la chaîne de commandement républicaine.

La vraie question n’est donc pas de savoir si l’armée est soutenue, mais si elle est instrumentalisée, prise en otage du bruit informationnel ou soupçonnée à tort pour justifier une communication défensive. En temps de tensions, chaque mot compte. Et lorsqu’un communiqué officiel met autant l’accent sur la loyauté des forces, il alimente paradoxalement ce qu’il prétend combattre : le doute.

La désinformation prospère sur les zones grises. Elle recule face à la clarté. Face aux campagnes de manipulation, la réponse la plus forte ne réside pas uniquement dans des annonces de poursuites judiciaires, mais dans un signal clair venu des institutions elles-mêmes. Une armée qui parle peu, mais qui agit dans le strict respect de son rôle républicain, rassure plus qu’un communiqué.

À l’heure où la guerre de l’information fragilise les États, la solidité d’une République se mesure à l’évidence de ses équilibres institutionnels. Et dans cet équilibre, l’armée n’est pas un acteur politique à soutenir, mais une institution qui doit, sans équivoque, renouveler sa fidélité à l’État, à la Constitution et au Chef de l’État élu.

C’est là que se joue la crédibilité. Tout le reste n’est que communication.

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