ÉDITORIAL| Quand la politique s’invite dans les salles de classe : un danger pour l’école et pour la République

Ce qui s’est produit à Abéché n’est pas un simple incident administratif : c’est un symptôme. Un signal grave, révélateur d’une pratique politique qui s’infiltre insidieusement dans les écoles, au mépris du rôle sacré que ces institutions devraient protéger. Que des élèves aient été arrachés à leurs cours, conduits en file jusqu’à une place publique pour grossir les rangs d’un meeting politique, voilà qui en dit long sur la dérive qui s’installe. Derrière cet épisode, c’est une question fondamentale qui se pose : à qui appartient l’école ?

Ce qui s’est produit à Abéché n’est pas un simple incident administratif : c’est un symptôme. Un signal grave, révélateur d’une pratique politique qui s’infiltre insidieusement dans les écoles, au mépris du rôle sacré que ces institutions devraient protéger. Que des élèves aient été arrachés à leurs cours, conduits en file jusqu’à une place publique pour grossir les rangs d’un meeting politique, voilà qui en dit long sur la dérive qui s’installe. Derrière cet épisode, c’est une question fondamentale qui se pose : à qui appartient l’école ?

En regroupant et escortant des enfants hors de leurs salles de classe, des responsables scolaires ont franchi une ligne rouge. L’école n’est ni une réserve électorale, ni une main-d’œuvre gratuite pour populisme en quête de foule. Elle doit rester un sanctuaire du savoir, un espace où l’élève est protégé des manipulations et des agendas partisans. Lorsque l’école cesse d’être neutre, la confiance se fissure : comment garantir la qualité de l’enseignement si l’autorité éducative elle-même détourne l’institution de sa mission première ?

La colère des parents, légitime, révèle le sentiment d’abandon qui les gagne. À quoi bon parler de droit à l’éducation si des enfants peuvent être instrumentalisés sans que leurs familles ne soient informées ? À quoi bon encourager l’assiduité, les réformes, les ambitions pédagogiques, si l’appareil scolaire peut être mobilisé au service d’un meeting n’ayant rien à voir avec l’apprentissage ?

Plus inquiétant encore est le silence des autorités locales, justifié en coulisses par une prétendue « instruction venue d’en haut ». Si cela est avéré, la question dépasse les simples établissements incriminés : elle interroge la chaîne de commandement, la gouvernance et la place que certains entendent réserver aux écoles publiques.

Car la politisation de l’espace scolaire n’est pas un détail. C’est une menace pour la République. Elle dénature la mission éducative, sape la crédibilité des institutions, et expose les élèves à une confusion entre autorité pédagogique et propagande. Elle banalise l’idée que l’enfant est un outil, un nombre, une variable de mobilisation. Cette dérive n’est pas seulement préoccupante : elle est dangereuse.

Il est temps d’un sursaut. Les autorités doivent clarifier les responsabilités, sanctionner les abus, et réaffirmer solennellement que l’école n’est pas un terrain de campagne. Les enseignants doivent être protégés de ces pressions. Les chefs d’établissement doivent comprendre que leur loyauté première va aux élèves, non aux injonctions partisanes. Quant aux parents, ils ont raison d’exiger transparence et respect.

À Abéché comme ailleurs, l’école doit rester un rempart contre la manipulation, pas une passerelle vers elle. Protéger l’espace scolaire, c’est protéger l’avenir. Et face à ces dérives, le silence n’est plus une option.

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