Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté lundi une résolution majeure avalisant le plan de paix du président américain Donald Trump pour Gaza, marquant un tournant diplomatique dans un conflit qui a ravagé l’enclave palestinienne durant deux années. Sous forte pression de Washington, treize des quinze membres du Conseil ont voté en faveur du texte, tandis que la Russie et la Chine ont choisi l’abstention.
Donald Trump s’est félicité d’une décision qu’il a qualifiée de « l’une des approbations les plus importantes de l’histoire des Nations Unies », saluant au passage les pays membres, y compris ceux qui n’ont pas soutenu le texte mais n’ont pas opposé leur veto.
Une résolution remaniée et un cessez-le-feu fragile
Fruit de longues tractations diplomatiques, la résolution « endosse » le plan américain qui a permis, depuis le 10 octobre, un cessez-le-feu précaire entre Israël et le Hamas. Pour Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, cette adoption constitue « une étape importante dans la consolidation du cessez-le-feu » dans un territoire profondément meurtri.
Mais le Hamas a fermement rejeté la résolution, estimant qu’elle ne répond « ni aux exigences ni aux droits politiques et humains » du peuple palestinien. Le mouvement dénonce un mécanisme de « tutelle internationale » qu’il juge inacceptable.
Un Comité de la paix controversé
Le texte institue un « Comité de la paix » appelé à assurer une gouvernance transitoire jusqu’à la réforme de l’Autorité palestinienne. Mandaté jusqu’au 31 décembre 2027, cet organe surprend par sa particularité : il sera présidé par Donald Trump lui-même. Une disposition qui alimente les critiques de certains États, dénonçant une influence américaine excessive sur l’avenir politique de Gaza.
La résolution autorise également la création d’une « force de stabilisation internationale » (ISF), chargée notamment de sécuriser les frontières avec Israël et l’Égypte, de démilitariser le territoire et d’encadrer la formation d’une police palestinienne. La composition de cette force reste pour l’heure inconnue.
Une perspective d’État palestinien timidement évoquée
Contrairement aux premières versions, la résolution mentionne désormais la possibilité d’un chemin « crédible » vers une autodétermination palestinienne, une concession obtenue grâce aux pressions de plusieurs membres, dont la France.
Paris, qui a voté pour, estime que le texte « répond aux besoins urgents des populations » tout en réaffirmant la nécessité d’un État palestinien viable. Une position partagée par d’autres diplomaties occidentales et appuyée par des organisations humanitaires telles que Human Rights Watch, qui rappellent que l’obligation de respecter le droit international demeure inchangée pour toutes les parties.
Des critiques russes et des inquiétudes persistantes
Moscou, qui avait proposé un texte concurrent, reproche à la résolution américaine son manque d’engagement ferme pour la solution à deux États. L’ambassadeur russe Vassili Nebenzia regrette que le Conseil ait donné son aval « sur la base de promesses de Washington », accordant selon lui « un contrôle total de la bande de Gaza » au Comité présidé par Trump.
D’autres États membres ont exprimé leur scepticisme, pointant un manque de clarté dans les missions assignées au Comité et à la nouvelle force internationale.
Face à ces résistances, Washington a multiplié les efforts diplomatiques, soulignant que « voter contre cette résolution, c’était voter pour un retour à la guerre », selon les mots du représentant américain Mike Waltz. Les États-Unis ont également mis en avant le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans, dont le Qatar, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Indonésie.
Une paix encore fragile
Si l’adoption de la résolution marque une nouvelle étape vers une stabilisation de Gaza, son application s’annonce complexe. Entre les réticences du Hamas, les réserves de Moscou, les incertitudes logistiques autour de la force internationale et les débats sur l’avenir politique du territoire, le chemin vers une paix durable reste parsemé d’obstacles.
Reste à savoir si ce nouveau cadre international permettra de transformer le cessez-le-feu fragile actuel en un processus politique stable et crédible. Le défi s’annonce immense.



