Afrique du Sud : Pretoria relance son programme nucléaire pour redevenir un acteur majeur du secteur

Après plus d’une décennie d’immobilisme, l’Afrique du Sud se prépare à remettre en marche son industrie nucléaire. Le ministre sud-africain de l’Énergie, Kgosientsho Ramokgopa, a annoncé dimanche une série de mesures ambitieuses destinées à reconstruire l’expertise nationale et à positionner le pays sur les marchés mondiaux du combustible nucléaire en pleine expansion.

Après plus d’une décennie d’immobilisme, l’Afrique du Sud se prépare à remettre en marche son industrie nucléaire. Le ministre sud-africain de l’Énergie, Kgosientsho Ramokgopa, a annoncé dimanche une série de mesures ambitieuses destinées à reconstruire l’expertise nationale et à positionner le pays sur les marchés mondiaux du combustible nucléaire en pleine expansion.

S’exprimant lors d’une conférence de presse à Pretoria, le ministre a souligné que Johannesburg n’entendait plus « rester à la traîne » dans un secteur devenu hautement stratégique. « En tant que pays, nous affirmons que nous ne resterons pas à la traîne », a déclaré Ramokgopa, soulignant la nécessité d’une relance profonde après des années de stagnation.

Relancer les projets à l’arrêt et reconstruire une expertise perdue

Reconnaissant « les revers passés » et la perte d’ingénieurs qualifiés, le ministre a annoncé la réouverture de plusieurs centres de recherche essentiels, la remise en activité de laboratoires de développement du combustible et la relance du programme du réacteur modulaire à lit de boulets (PBMR), une technologie sud-africaine autrefois considérée comme pionnière.

Ce programme, qui avait accumulé plus de 16 ans de retard, devrait être relancé grâce à de nouveaux partenariats et à un effort accru de formation. Ramokgopa a indiqué que le gouvernement travaille désormais à former « une nouvelle génération de scientifiques nucléaires » en collaboration avec plusieurs universités sud-africaines.

Sous la direction de la South African Nuclear Energy Corporation (NECSA), Pretoria entend « reconstruire son programme nucléaire et son programme de recherche », en mettant l’accent sur la modernisation des infrastructures et le développement de compétences locales.

Des infrastructures clés bientôt réactivées

Parmi les installations prioritaires, le ministre a évoqué : un laboratoire de quantification du combustible nucléaire ; des sites d’essais à l’hélium utilisés pour les réacteurs à haute température ; des plateformes de recherche destinées au développement de combustibles et de petits réacteurs modulaires (PRM).

Ces réactivations doivent permettre à l’Afrique du Sud de retrouver une place de premier plan dans la recherche nucléaire, à un moment où le marché mondial est en pleine transformation.

Face à la Chine, Pretoria veut exister sur le marché du combustible

Ramokgopa a rappelé que la Chine est aujourd’hui le seul fournisseur de combustible pour certaines technologies de réacteurs avancés. Mais avec la multiplication de ses propres besoins internes, Pékin pourrait réduire ses exportations.

« Grâce aux travaux que nous menons actuellement, nous allons devenir un acteur incontournable dans ce domaine », a affirmé le ministre, convaincu que l’Afrique du Sud peut combler une partie du vide laissé sur le marché mondial.

Un investissement structurant de 1,2 milliard de rands

Pour concrétiser cette relance, le gouvernement a alloué 1,2 milliard de rands (environ 70 millions de dollars) à NECSA. Pretoria prévoit également de nouer des partenariats internationaux afin d’accélérer la montée en puissance de ses capacités et d’atteindre une production nationale de 5,2 GW dans les années à venir.

Cette relance inclut aussi le développement d’un réacteur de recherche polyvalent, conformément à une décision du Conseil des ministres datant de 2021. Cette infrastructure permettra de renforcer les recherches en médecine nucléaire, notamment dans le traitement des cancers.

Koeberg, seule centrale du continent

L’Afrique du Sud reste aujourd’hui le seul pays du continent à disposer d’une centrale nucléaire opérationnelle : Koeberg, près du Cap. La centrale contribue significativement à la stabilité du réseau électrique national, fragilisé par des années de délestages et de pannes chroniques.

Avec cette stratégie de relance, Pretoria espère non seulement sécuriser son approvisionnement énergétique, mais aussi redevenir une puissance scientifique et industrielle dans l’un des secteurs les plus compétitifs du monde.

Constant Danimbe
Constant Danimbe
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