Les réserves stratégiques de blé en Égypte affichent un niveau « sûr et rassurant », selon le ministre de l’Approvisionnement et du Commerce intérieur, Sherif Farouk, qui a assuré dimanche que les stocks actuels de denrées essentielles dépassent ceux enregistrés à la même période l’an dernier. Une annonce qui intervient alors que le pays renforce son dispositif national de sécurité alimentaire dans un contexte mondial toujours volatil.
Le ministre a par ailleurs souligné une baisse des importations de blé au cours de l’année, un signe « positif » reflétant la montée en puissance de la production nationale. En 2024, les livraisons de blé local ont atteint un niveau record, avec une hausse d’environ 17 %, portant les quantités à plus de 4 millions de tonnes.
Une stratégie pour réduire la dépendance extérieure
Premier importateur mondial de blé, l’Égypte a longtemps absorbé plus de 11 millions de tonnes par an. Mais la guerre entre la Russie et l’Ukraine deux de ses principaux fournisseurs a mis en lumière la vulnérabilité du pays. Le gouvernement a alors multiplié les incitations à destination des agriculteurs et diversifié ses achats sur le marché international.
Ces efforts semblent porter leurs fruits : la hausse des réserves reflète à la fois une meilleure participation des producteurs locaux au système d’approvisionnement et un regain de confiance dans les politiques agricoles mises en place. L’exécutif vise désormais une production locale de 5 millions de tonnes pour la prochaine saison, avec un objectif affiché d’autosuffisance à moyen terme.
Feerum Egypt : un tournant industriel pour sécuriser le stockage
Pour soutenir cette ambitieuse transition, Le Caire a lancé Feerum Egypt, une coentreprise avec la Pologne, conçue pour localiser la production des composants de silos à grains. L’objectif est d’atteindre 80 % d’intégration locale d’ici trois ans, une avancée majeure pour renforcer l’indépendance industrielle du pays dans un secteur stratégique.
Depuis 2015, la capacité de stockage nationale est passée de 1,2 million à 4 millions de tonnes, avec une cible idéale de 10 millions de tonnes. Cette montée en puissance permettra à l’Égypte non seulement de réduire sa dépendance aux importations qui assurent encore plus de la moitié de sa consommation annuelle, mais aussi de se positionner comme un producteur et exportateur de technologies de stockage dans la région.
Des besoins toujours conséquents sur le marché international
Malgré ces progrès, l’Égypte restera dans les prochaines années un acteur majeur du marché mondial du blé. Les importations pour la campagne 2025/2026 devraient atteindre 12,7 millions de tonnes, en légère hausse (+1,6 %) par rapport à la période précédente. La production locale devrait progresser à 9,2 millions de tonnes, tandis que la consommation nationale est estimée à 20,3 millions de tonnes, selon les dernières projections.
La Russie demeure le principal fournisseur du pays, représentant 67 % des importations en 2024/2025, suivie par l’Ukraine et l’Union européenne.
Des stocks alimentaires globaux en nette amélioration
Outre le blé, le ministre Sherif Farouk a assuré que les stocks d’huile, de sucre, de viande et de volailles demeurent suffisants pour couvrir les besoins de la population sur des périodes prolongées. Une stabilité qui, selon lui, démontre l’efficacité de la stratégie nationale de gestion des réserves et renforce la résilience alimentaire du pays face aux perturbations internationales.
