Une violente tempête s’est abattue dans la nuit de jeudi à vendredi sur la bande de Gaza, inondant tentes et abris de centaines de Palestiniens déplacés, déjà confrontés à des conditions de vie dramatiques. Privées de ressources et d’un accès humanitaire suffisant, des familles entières se sont réveillées les pieds dans l’eau, prises au piège entre intempéries, froid et insécurité persistante.
Selon la Protection civile de Gaza, « certaines eaux ont atteint plus de 10 centimètres, détruisant couvertures, matelas et vêtements », une situation qualifiée de « scène véritablement déchirante » par son porte-parole, Mahmoud Basal. Les équipes ont reçu des centaines d’appels de détresse au cours de la nuit, mais le manque de moyens rend les interventions limitées. « Nous alertons le monde entier : la bande de Gaza traverse une phase catastrophique, comparable à un véritable carnage », avertit Basal.
Un système dépressionnaire violent sur un territoire déjà meurtri
L’agence officielle palestinienne WAFA, citant le Département météorologique palestinien, rapporte que les territoires palestiniens sont frappés par un important système dépressionnaire accompagné d’une vague d’air froid et de fortes pluies, parfois orageuses. Dans les camps improvisés du nord au sud de Gaza, les précipitations ont envahi des centaines de tentes, aggravant un quotidien marqué par deux ans de blocus et des destructions massives.
Fin septembre, le Bureau des médias du gouvernement estimait que 93 % des tentes du territoire, soit 125 000 sur 135 000, étaient déjà inhabitables. Plusieurs dizaines de milliers avaient été endommagées par les bombardements israéliens ou détériorées par des conditions climatiques extrêmes. Pour nombre de familles, ces tentes constituent pourtant l’unique refuge, faute d’alternatives autorisées à entrer dans le territoire.
Appel pressant à la communauté internationale
Alors que la tempête pousse de nouvelles vagues de populations à se déplacer à l’intérieur même de la bande de Gaza, la Protection civile appelle la communauté internationale à intervenir. Basal accuse Israël d’empêcher l’entrée de matériels d’abri, tentes, bâches, structures mobiles, pourtant prévus par le protocole humanitaire de l’accord de cessez-le-feu du 10 octobre.
Un constat partagé par l’ONU. Vendredi, Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a rappelé que la situation restait « catastrophique » et que l’acheminement de l’aide demeurait fortement entravé plus d’un mois après le cessez-le-feu.
Un territoire devenu inhabitable
D’après le ministère palestinien de la Santé, plus de 69 000 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tués depuis octobre 2023, et environ 170 000 autres blessés. Des chiffres qui témoignent d’une dévastation sans précédent, rendant la bande de Gaza « inhabitable », selon les autorités sanitaires.
Alors que les températures chutent et que la saison hivernale s’installe, les habitants de Gaza se retrouvent sans abri sûr, exposés aux intempéries et à une insécurité permanente. Dans des camps détrempés, où chaque pluie transforme le sol en bourbier, les familles tentent de sauver ce qui reste de leurs maigres biens, pendant que les appels à l’aide se multiplient souvent sans réponse.
Face à cette nouvelle épreuve climatique, la population gazaouie, déjà épuisée par des mois de souffrance, appelle une fois de plus à une action internationale urgente pour éviter que la catastrophe humanitaire ne s’aggrave davantage.



