La Présidence de la République de Madagascar a vivement réagi à la décision rendue le 14 octobre par la Haute Cour constitutionnelle (HCC), la qualifiant d’« illégale, irrégulière et inconstitutionnelle ». Dans un communiqué officiel publié mercredi, la Présidence affirme que cet acte met en péril « la stabilité de l’ordre constitutionnel et de l’État de droit ».
Une décision entachée « de multiples vices »
Selon le document, la décision de la HCC aurait été publiée à 17h45, plusieurs heures après son annonce à 9h00, dans des conditions jugées opaques.
« Cette décision, entachée de multiples vices tant sur le fond que sur la forme, est de nature à porter atteinte aux fondements de la République », dénonce le texte.
La Présidence reproche notamment à la Haute Cour d’avoir été saisie par un Vice-président de l’Assemblée nationale, non habilité à le faire. Ce droit, rappelle-t-elle, « est réservé aux Chefs d’Institution de la République ».
Réunion non annoncée et menaces sur les juges
La Présidence affirme que les membres de la Cour ont été convoqués sans ordre du jour et que la séance initialement administrative a été « transformée en chambre d’audience » à la discrétion du président de la HCC.
Plus inquiétant encore, plusieurs juges constitutionnels auraient été évacués d’urgence avant la fin des délibérations, « par peur pour leur intégrité physique ».
« Les hauts conseillers n’ont pas eu l’opportunité de rendre sereinement une décision avec les éléments suffisants pour statuer en leurs âmes et consciences », indique le communiqué.
Ces conditions, selon la Présidence, laissent entrevoir l’« existence d’actes de corruption » et une volonté de « rupture avec l’ordre constitutionnel ».
Rajoelina reste « Président légitime »
Dans le même texte, la Présidence rappelle que le Président Andry Rajoelina continue d’exercer pleinement ses fonctions en vertu de la Constitution, en sa qualité de Président en exercice de la SADC.
« Nous condamnons fermement la décision infondée de la Haute Cour, ainsi que la prise de pouvoir par la force effectuée par une faction militaire », martèle la Présidence.
Appel à la jeunesse malgache
La Présidence adresse enfin un message solennel à la jeunesse du pays : « Cette tentative de prise de pouvoir incarne l’exact contraire des valeurs que nous défendons. Elle viole l’État de droit, piétine les principes démocratiques et menace les efforts de bonne gouvernance. »
Une situation politique sous haute tension
Cette crise institutionnelle relance les inquiétudes sur la stabilité de Madagascar, déjà marquée par plusieurs épisodes de tensions entre exécutif et juridiction constitutionnelle.
Des observateurs craignent une escalade politique et militaire à Antananarivo, alors que les appels au calme se multiplient dans la capitale.