Afrique : L’Éthiopie accuse l’Érythrée de collusion avec le TPLF : une nouvelle tension en gestation dans la Corne de l’Afrique

Une nouvelle escalade diplomatique se profile entre Addis-Abeba et Asmara. Selon le journal Addis Standard, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Gedion Timotheos, a adressé début octobre une lettre au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans laquelle il accuse l’Érythrée de s’être alliée au Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et de se préparer à une nouvelle guerre contre l’Éthiopie.

Dans ce courrier, le chef de la diplomatie éthiopienne dénonce une « conspiration devenue plus évidente ces derniers mois », évoquant la formation d’une alliance dénommée Tsimdo, qui regrouperait selon lui l’Érythrée, le TPLF et plusieurs autres groupes armés. Cette coalition serait, toujours d’après le ministre, en train de mobiliser des ressources, recruter des combattants et encadrer des milices, notamment le groupe Fano, actif dans la région d’Amhara, afin d’étendre le champ du conflit.

Le ministre Gedion Timotheos a affirmé que les Forces de défense nationale éthiopiennes (ENDF) se trouvent pour le moment dans une posture défensive, privilégiant la retenue face aux provocations. Mais il a également averti que cette prudence « n’est pas indéfinie », laissant entendre qu’Addis-Abeba pourrait réagir militairement en cas d’agression manifeste.

Ces accusations marquent un tournant préoccupant dans les relations entre l’Éthiopie et l’Érythrée, deux pays qui, après des décennies d’hostilités, avaient officiellement signé un accord de paix en 2018, salué à l’époque comme un exemple de réconciliation historique. Or, depuis la guerre du Tigré (2020-2022), les rapports entre les deux voisins sont redevenus ambigus. L’Érythrée avait alors soutenu militairement le gouvernement éthiopien contre le TPLF, avant que les tensions ne resurgissent autour du contrôle des régions frontalières et de la gestion de la sécurité dans le nord du pays.

L’alliance supposée entre Asmara et le TPLF, si elle se confirmait, représenterait un renversement d’alliances inattendu dans la Corne de l’Afrique. Elle pourrait aussi raviver les plaies encore fraîches du conflit du Tigré, qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué une crise humanitaire majeure.

Pour l’heure, l’Érythrée n’a pas officiellement réagi à ces accusations, tandis que le TPLF n’a pas confirmé l’existence de l’alliance « Tsimdo ». Le silence des deux parties entretient le flou sur la réalité des préparatifs évoqués par Addis-Abeba. Mais dans un contexte régional marqué par l’instabilité — du Soudan à la Somalie —, cette nouvelle tension fait craindre une reprise des hostilités qui viendrait fragiliser encore davantage la paix déjà précaire dans la région.

Analystes et observateurs appellent à la prudence et à la médiation internationale, soulignant que toute escalade entre l’Éthiopie et l’Érythrée risquerait de déstabiliser la Corne de l’Afrique, déjà en proie à de multiples crises politiques, sécuritaires et humanitaires.

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