À la tribune des Nations unies, le Premier ministre nigérien, Ali Lamine Zeine, a lancé ce samedi un appel solennel à la France pour qu’elle reconnaisse les crimes commis au Niger depuis 1899, lors de la période coloniale, et assume pleinement son devoir de mémoire.
Revenant sur les horreurs de la colonisation, le chef du gouvernement a rappelé que « le peuple nigérien souffre encore des stigmates de l’infâme colonisation française ». Il a évoqué les fosses communes où des milliers de victimes auraient été jetées, les femmes enceintes assassinées, les viols, les pendaisons de fillettes ainsi que les exécutions de résistants qui ont marqué l’histoire du pays. « Au nom de mon pays, le Niger, je demande solennellement à la France de faire son devoir de mémoire et de reconnaître ses crimes », a déclaré Ali Lamine Zeine.
Le Premier ministre a également annoncé la création, sur instruction du président de la transition, le général Abdourahamane Tchiani, d’une commission composée d’experts, d’universitaires et de scientifiques. Cette structure aura pour mission d’étudier cette période sombre et d’écrire « l’histoire véritable du Niger ». L’objectif, selon lui, est de « rétablir les faits, la vérité et de restituer au peuple nigérien toute sa dignité ».
Au-delà des violences coloniales, Ali Lamine Zeine a dénoncé le pillage des ressources du pays, en particulier l’uranium, exploité depuis des décennies. « Un demi-siècle d’exploitation n’a apporté aux Nigériens que misère, pollution, rébellion, corruption et désolation, tandis qu’il a offert aux Français prospérité et puissance », a-t-il affirmé, ajoutant que « toutes les nappes phréatiques sont aujourd’hui contaminées ».
Cette situation, a-t-il insisté, est « inacceptable » et appelle à une responsabilité historique et morale de la France envers le peuple nigérien.