Devant l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre malien, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a livré un discours offensif, empreint de souveraineté et de dénonciations. Représentant la Confédération des États du Sahel (AES), aux côtés du Burkina Faso et du Niger, il a mis en avant la détermination des peuples du Sahel à « se libérer du joug de l’impérialisme » et à construire un avenir fondé sur l’autodétermination et le panafricanisme.
Dans son intervention, M. Maïga a rappelé que la lutte contre le terrorisme reste la priorité absolue de l’AES. Il a salué l’efficacité de la coopération militaire entre les trois États, fruit d’un recrutement massif, d’une montée en puissance des forces de défense et de l’acquisition de nouveaux équipements. Selon lui, les armées sahéliennes accomplissent un « véritable travail de sécurité publique régionale et mondiale », protégeant non seulement leurs populations, mais aussi la stabilité d’une partie de l’Afrique de l’Ouest.
Le chef du gouvernement malien a toutefois pointé du doigt ce qu’il qualifie de « sponsors étatiques étrangers » qui fourniraient armes, logistique et soutien politique aux groupes terroristes. Il a particulièrement accusé l’Ukraine d’avoir fourni des drones kamikazes aux combattants opérant dans le Sahel, et la France d’utiliser la guerre en Ukraine pour « détourner l’attention de la communauté internationale tout en sponsorisant le terrorisme » dans la région.
Évoquant les tensions avec Alger, M. Maïga a dénoncé la destruction d’un drone malien par l’armée algérienne en avril dernier, une affaire désormais portée devant la Cour internationale de Justice. Une situation qu’il a qualifiée d’« agression » venant d’un pays qui, selon lui, est passé « du rôle de champion de la lutte contre le terrorisme à celui de promoteur du terrorisme ».
Au-delà de la sécurité, le Premier ministre a insisté sur la volonté de l’AES de bâtir un modèle de développement endogène. Il a annoncé la création d’une Banque confédérale pour l’investissement et le développement, destinée à financer des projets structurants dans les infrastructures, l’énergie et l’industrialisation. Fort d’un vaste territoire, d’une population jeune et de ressources naturelles abondantes, le Sahel, a-t-il affirmé, dispose des atouts pour assurer sa propre prospérité.
Sur la question des droits humains, M. Maïga a confirmé le retrait des trois États de l’AES du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), dénonçant son instrumentalisation politique. Désormais, a-t-il indiqué, les pays sahéliens privilégieront « des mécanismes endogènes de justice, en adéquation avec leurs valeurs sociétales ».
Enfin, le Premier ministre a plaidé pour une réforme en profondeur de l’ONU, jugeant son cadre multilatéral « inadapté aux réalités actuelles ». Il a réitéré le soutien de l’AES à la position commune africaine réclamant deux sièges permanents et cinq sièges non permanents au Conseil de sécurité, afin de mettre fin à « l’injustice historique » faite au continent.
À travers ce discours vigoureux, le Mali a voulu marquer la scène internationale de son empreinte : un appel à la solidarité panafricaine, mais aussi une mise en garde contre toute ingérence perçue comme une menace à la souveraineté du Sahel.