Le Groupe de Concertation des Acteurs Politiques (GCAP) a rendu public, ce samedi 20 septembre 2025 à l’Hôtel Zénabel, un mémorandum exposant sa lecture de l’état des institutions et de la nation. Ce document, structuré en quatre parties, a été présenté par Max Kemkoye avant d’être complété par le professeur Avoksouma.
Dans sa première partie, le GCAP dresse un constat sévère du fonctionnement des institutions, en relevant douze points critiques touchant à leur efficacité, à leur légitimité et au respect des règles constitutionnelles.
La deuxième partie s’attarde sur l’état de la nation. Six thématiques majeures y sont abordées : la stabilisation post-transition et la sécurité, la situation socio-économique marquée par la pauvreté, la malnutrition, la cherté de la vie et le chômage, ainsi que la santé, la mortalité et l’éducation. Le mémorandum met aussi en lumière la dégradation des libertés publiques et des droits humains, la montée des inégalités, le climat des affaires morose et la fragilisation de la cohésion nationale.
Le document ne ménage pas la présidence de la République, accusée d’avoir banalisé la plus haute fonction du pays et de manquer de contrôle sur ses propres institutions. Selon le GCAP, plusieurs centres de décision échappent à l’autorité présidentielle, laissant le pays « livré aux quatre vents », avec des nominations arbitraires et un système électoral conçu uniquement pour garantir la pérennité du régime.
« En 34 ans, le Tchad est devenu un pays sans hiérarchie, sans contrôle, sans règles », a martelé le professeur Avoksouma, ajoutant que plus de 90 % des citoyens se disent insatisfaits de la gouvernance actuelle. Le GCAP met en garde contre les fractures sociales croissantes et la militarisation de la démocratie, qui risqueraient de plonger le pays dans une crise politique inarrêtable.
Face à ce constat, le collectif propose plusieurs solutions : un dialogue républicain structuré pour redéfinir les priorités nationales, la réforme des ordonnances prises durant la transition, la normalisation des institutions par des lois constitutionnelles, ainsi qu’une refondation du secteur sécuritaire et de l’État. L’organisation appelle aussi à une réconciliation nationale inclusive et à la participation de toutes les forces vives.
À défaut de réformes rapides, le GCAP envisage de lancer une « grève politique et citoyenne générale » sur l’ensemble du territoire, précédée d’une vaste campagne de sensibilisation et d’explication auprès des populations dans les 23 provinces.
Par cette démarche, le GCAP entend alerter sur « les risques et dangers » qui guettent le Tchad si les propositions contenues dans le mémorandum ne sont pas prises en compte par les autorités actuelles.