Culture : Artistes tchadiens : un cri d’alarme face à l’indifférence de l’État et des entreprises

Le Tchad regorge de talents artistiques, mais combien parviennent à vivre dignement de leur art ? Très peu. La faute à un système où les créateurs sont laissés pour compte, sans véritable accompagnement ni de l’État, ni des entreprises privées. Pourtant, l’art est un moteur d’identité, de cohésion et de rayonnement d’un pays. Mais au Tchad, il est relégué au dernier plan.

Dans des pays comme la Côte d’Ivoire ou le Cameroun, les artistes bénéficient d’une attention particulière. Les sociétés de téléphonie mobile y organisent régulièrement des concours musicaux et des compétitions artistiques qui permettent aux jeunes talents de décrocher des prix, des financements et une visibilité nationale. Ces initiatives transforment des rêves en projets concrets. Mais au Tchad, rien de tel. Silence radio.

« Nous avons le talent, nous avons la passion, mais nous n’avons aucun appui », déplore un jeune rappeur de N’Djaména. « Quand je veux enregistrer un morceau, je dois tout payer de ma poche, du studio à la distribution. Résultat : je n’ai jamais les moyens de sortir un projet complet. Pendant ce temps, ailleurs, des artistes de mon âge sont déjà sur les grandes scènes africaines grâce au soutien qu’ils reçoivent. »

Le constat est le même chez les plasticiens. Une peintre raconte : « J’expose mes œuvres dans des galeries improvisées, parfois même dans la rue. Il n’y a pas d’espace officiel, pas de fonds pour soutenir nos projets. On nous dit que la culture est importante, mais dans la réalité, on nous abandonne. »

Les comédiens ne sont pas en reste. L’un d’eux confie : « Nous ne demandons pas la charité, nous demandons des moyens pour travailler. Le public tchadien a soif de spectacles, de musique, de cinéma. Mais faute de soutien, les artistes s’épuisent et certains abandonnent. Et après, on se demande pourquoi la jeunesse ne croit pas en l’avenir de la culture. »

L’État, en négligeant l’art, prive la jeunesse d’un champ d’expression et de créativité. Les entreprises, elles aussi, portent une lourde responsabilité. Beaucoup se contentent de faire du marketing agressif, mais refusent d’investir dans des initiatives culturelles. Pourtant, parrainer un festival, financer une tournée ou soutenir une exposition, ce n’est pas de la charité : c’est investir dans l’image et l’avenir du pays.

Il est temps que les choses changent. Les artistes tchadiens n’ont pas besoin de discours, mais de mesures concrètes : création de fonds culturels, organisation de compétitions nationales, mise en place de partenariats public-privé pour soutenir la créativité, ouverture de scènes et d’espaces d’exposition.

Car un pays qui abandonne ses artistes se coupe de son âme. Et aujourd’hui, les créateurs tchadiens lancent un cri d’alarme : « Si l’État et les entreprises continuent de nous ignorer, l’art tchadien risque de s’éteindre dans l’indifférence. »


Rédacteur en chef
Rédacteur en chef
Articles: 1707

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *