La condamnation à 20 ans de prison de l’opposant tchadien Succès Masra continue de provoquer l’indignation sur la scène internationale. Dans un communiqué rendu public, l’organisation Human Rights Watch (HRW) accuse les autorités de détourner l’appareil judiciaire à des fins politiques, dans un contexte marqué par la répression croissante des voix dissidentes.
Pour HRW, le procès ayant conduit à ce verdict serait entaché d’irrégularités et fondé sur des accusations vagues. Une stratégie, selon l’ONG, visant à neutraliser une figure politique jugée dérangeante alors que le pays reste en proie à une transition fragile depuis la mort de l’ex-président Idriss Déby Itno en 2021.
« Cette lourde peine envoie un signal inquiétant aux opposants et illustre l’intolérance du régime face aux critiques », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à HRW. L’organisation insiste sur le fait que la justice ne doit pas servir d’instrument pour régler des comptes politiques.
Au-delà du cas de Succès Masra, HRW dresse un tableau préoccupant : arrestations arbitraires de militants et journalistes, restrictions persistantes à la liberté d’expression et de rassemblement, marginalisation de l’opposition. Des pratiques jugées contraires aux engagements d’ouverture et de démocratisation formulés au début de la transition.
L’ONG appelle l’Union africaine, la France et les autres partenaires internationaux du Tchad à condamner fermement ces dérives, à exiger la libération immédiate de l’opposant et de ses co-accusés, et à soutenir la tenue d’un nouveau procès équitable et transparent.
Un test déterminant, selon les observateurs, pour évaluer la sincérité des promesses de transition démocratique faites par les autorités tchadiennes.